Il n’y a pas que les petits garçons qui rêvent d’achever leurs adversaires d’un saut de l’ange de la troisième corde du ring. Il y aussi quelques filles, des grandes, parfois amoureuses, des fières, des musclées, des dures à cuire, qui prennent souvent un malin plaisir à jouer les méchantes.
« La première fois que mon mari et moi sommes allés chercher les enfants à l’école Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, les autres parents nous regardaient bizarrement », raconte, un sourire en coin, Delphine, 35 ans, aka Bulla Punk. Cheveux violets pour elle, crâne rasé, piercing et tatouages pour lui : Monsieur et Madame ne sont pas tout à fait des parents ordinaires. L’un et l’autre sont des mordus de catch. Leur histoire a d’ailleurs commencé sur un ring. Sept ans, un mariage, deux enfants et une société de production de spectacles de catch plus tard, le couple a scellé leur union par ce sport de combat scénarisé qui revient en force dans les cours de récréation. Pourtant Delphine n’est pas passée loin d’une vie sans histoire de télé-conseillère en assurance. Aujourd’hui, elle sourit en pensant à tout ce qu’elle n’aurait pas connu : les galas tous les week-ends à travers la France, l’adulation de ses fans, les plateaux de télévision… et surtout le plaisir de jouer son personnage, mi-femme, mi-bête. « Un exutoire. » Il est vrai que Maman n’est « plus tout à fait elle-même », grimée et moulée dans sa petite robe pigeonnante en vinyle lorsqu’elle qu’elle hurle à la mort sur le ring. En tout cas, Valentine, sa fille de 6 ans, adore. La preuve que le catch n’est plus un spectacle de garçons. Elles sont de plus en plus nombreuses à donner de la descente de cuisse, de la clé de bras, ou à pratiquer le coup de la corde à linge contre des rivaux, hommes ou femmes. Même pas mal. Tatiana, 18 ans, dont 3 de catch et une vingtaine de galas à son actif, a aussi la peau dure. Cette lycéenne se « donne à fond » et ne voit pas son avenir ailleurs que sur un ring même si elle sait qu’il est presque impossible de gagner sa vie grâce au catch en France. Sabrina, 32 ans, a « toujours évolué dans un univers masculin », « garçon manqué », elle ne se laisse pas intimider par ses rivaux. A tel point qu’elle épousera en juin l’un d’entre eux. Un mariage comme elle en rêvait depuis longtemps : sur un ring, bien sûr.
[Publié dans Causette #10, sept.-oct. 2010]
Synopsis : Ariane Puccini/Youpress
Lire l’article sur le site de Youpress