Beyrouth n’est pas celle que l’on croit. Elle n’est pas seulement cette ville balafrée par des années de guerre civile ou de bombardements. Elle ne se résume pas à ses quartiers populaires au sud de la ville, tenus par les milices chiites. Beyrouth se révèle aussi la nuit. Quand la fête et son business battent leur plein. Quand les communautés se frôlent et même parfois se côtoient sans distinction de clan ou de religion.
A Raouché, la grotte aux pigeons, on la découvre romantique et timide, au côté des amoureux qui se tiennent par le bout des doigts devant le coucher du soleil. A la nuit tombée, elle s’affiche arrogante et exubérante dans les clubs très « hypes » de la rue Gouraud à Gemmayzé que Saint-Tropez pourrait lui envier. Elle se hume dans les effluves de narguilés d’un centre-ville fraîchement reconstruit, et dans les vapeurs d’alcool des cocktails fluos qui enivrent sa jeunesse dorée. Elle s’achève dans les after des clubs électros dans ses caves et sur ses toits.
Au petit matin, elle reprend enfin ses esprits au son des clochers et des muezzins. Défaite, mais jamais lasse, elle redevient raisonnable pour commencer une nouvelle journée d’affaires, ces affaires qui reprennent en même temps que les barques ramènent la pêche du jour.
[publié dans A/R – sept-oct. 2011]