« A civil marriage, not a civil war ». Au Liban, quand il s’agit de se passer la bague au doigt, cela peut vite prendre des proportions… politiques. Et pour cause, dans ce petit pays de presque 4 millions d’habitants, vivent 18 communautés de religions différentes qui se partagent le pouvoir en fonction de leur importance démographique. Une cohabitation qui reste précaire, 20 ans après la fin de la guerre civile qui avait déchiré le pays pendant plus de 15 années. Aujourd’hui, il est impossible au Liban de se marier avec quelqu’un d’une autre religion, à moins que la femme ne renonce à sa confession, ou que les futurs se disent « oui » à l’étranger. Et cette dernière option a fait le bonheur des hôteliers de Chypre (située à 30 minutes de vol de Beyrouth), des tours opérateurs, qui voient arriver chez eux de nombreux jeunes couples prêts à convoler à l’étranger pour se marier civilement. Le phénomène gagne également les couples de même religion qui réclament, par ce geste, la mise en place d’un Etat laïc. Une revendication qui a fait grossir les rangs des « Laïques prides », ces manifestations qui se sont multipliées ce printemps dans la capitale libanaise. Dans ces cortèges, une génération née sous les bombes et qui rêve aujourd’hui d’une société libanaise apaisée et laïque.
[Publié dans Causette n°22, mars 2012]