« A chaque fois que vous mangez une salade, que vous avalez un légume, vous devez avoir en tête qu’ils ont peut-être été cueillis par un enfant. » Ces propos n’ont pas été tenus par la directrice, furieuse, d’une ONG humanitaire, mais par la comédienne Eva Longoria, qui depuis des années mène un combat contre le travail des enfants dans l’agriculture aux Etats-Unis. En plus d’un documentaire qu’elle a produit sur le sujet : « Harvest », la comédienne a même prononcé un discours au Parlement américain visant à revoir l’âge légal de leur activité à la hausse, à 14 ans.
Aujourd’hui, ils seraient en effet plusieurs centaines de milliers d’enfants, jusqu’à 800 000 âgés de parfois 10 ans, souvent d’origine hispanique, à travailler dans les champs, 12 à 14 heures par jour, 5 à 7 jours par semaine, pour des salaires de misère. Derrière une production incroyablement « efficace », la première au monde, se cache en réalité une agriculture américaine inhumaine, prête à tout pour rester compétitive. Y compris bafouer les droits de l’homme les plus élémentaires : exposition aux pesticides, travail sans gants, absence d’eau potable, de toilettes, déscolarisation, et parfois abus sexuels, les enfants fermiers ont 4 fois plus de chance de mourir que dans les autres secteurs. En 2012, des amendements étaient censés être appliqués pour améliorer leurs conditions de travail, mais la réalité des champs -la faute au lobby agricole, très influent aux Etats-Unis- en est encore loin. Reportage au cœur des raisons de la colère.
[Reportage pour Grazia, oct. 2012]