Le Kibbutz YotVata, oasis au milieu du désert du Neguev.
Dans cet atelier, des retraitées cousent des couvertures pour enfants. Kibbutz YotVata, juin 2013.
Le matin, les enfants font une promenade à travers le kibbutz
La cuisine collective où sont préparés tous les repas pour les 700 habitants du kibbutz.
Le kibbutz Yot Vata, oasis au milieu du désert du Neguev.
Au kibbutz YotVata, Fanny, retraitée d'origine française, se consacre à sa passion: confectionner des marionnettes et des masques.
Les vaches du kibutz, avant la traite sont abritées du soleil du désert.
La traite des vaches, ultra moderne, à YotVata.
Un des fondateurs de l'élevage bovin à YotVata y travaille toujours, à plus de 70 ans.
Shahar, d'origine colombienne et converti au judaïsme, mari d'Anat, la secrétaire générale du kibbutz
Shahar est aussi maître nageur sauveteur et chargé de la sécurité du kibbutz.
La piscine du confortable kibbutz YotVata, en plein milieu du désert du Neguev.
Shahar, d'origine colombienne et converti au judaïsme, travaille à l'usine de préparation des boissons lactées.
Kibbutz Samar, dans le désert du Neguev
Frederico, volontaire brésilien, chante du reggae à tue-tête en travaillant.
Tsafrir, habitant du kibbutz et Frederico, volontaire, plient les branches des dattiers et les attachent ensemble, pour la récolte ultérieure.
Les dattiers du kibbutz Samar et les grues qui servent aux récoltes.
Le gazon que fait pousser Noah, dans le désert. Il le vend ensuite aux hôtels d'Eilat.
Noah s'occupe seul de son gazon : le faire pousser, le récolter et le vendre.
Noah s'occupe seul de son gazon : le faire pousser, le récolter et le vendre.
La machine qui sert à découper les morceaux de gazon.
Yaniv, 47 ans, travaille à la mécanique, dans l'atelier du kibbutz.
Roy, 19 ans, pendant son service civique au kibbutz.
Les maisons customisées du kibbutz Samar, dans le désert du Neguev.
Sde Eliyahu, au nord d'Israël
Lise-Rose, d'origine française, rescapée de la 2nde guerre mondiale, vit à Sde Eliyahu, au nord d'Israël. Elle s'occupe de la confection de costumes.
Lise-Rose vient de retrouver la famille qui l'a cachée pendant la guerre et raconte son histoire avec émotion.
Lise-Rose et Beni Gavrieli. Elle vient de retrouver la famille qui l'a cachée pendant la guerre et raconte son histoire avec émotion.
Lise-Rose à Sde Eliyahu, au nord d'Israël. Le vélo est le principal moyen de transport de tous les kibbutz. Ici, pas besoin de cadenas.
La bibliothèque du kibbutz Sde Eliyahu, au nord d'Israël.
Tsila, la femme de Beni, est bibliothécaire, elle montre les livres anciens dont elle est fière.
Des enfants à la bibliothèque du kibbutz.
Au centre du kibbutz religieux Sde Eliyahu
Beni Gavrieli montre les champs de maïs bio. A Sde Eliyahu, tout est bio pour respecter le commandement de "garder la terre", non pour soi, mais pour les générations futures.
Le raisin de Sde Eliyahu.
Beni, d'origine américaine salue un de ses amis d'origine néo-zélandaise.
Le jeudi, les habitants vont à la salle à manger commune chercher la nourriture du vendredi soir et du samedi, puisque les juifs religieux n'ont pas le droit de travailler ou de toucher l'électricité pendant le shabbat.
Le jeudi, les habitants vont à la salle à manger commune chercher la nourriture du vendredi soir et du samedi, puisque les juifs religieux n'ont pas le droit de travailler ou de toucher l'électricité pendant le shabbat.
Sde Eliyahu, au nord d'Israël
Tova, d'origine franco-lituanienne, sa fille Tsila et Beni, son gendre.
Quatre générations partagent le repas du soir.
Beni prépare des bretzels pour le shabbat.
Tova, d'origine franco-lituanienne.
La salle à manger, coeur originel de tous les kibbutzim.
Shmuel, 76 ans, d'origine française, rescapé pendant la 2nde guerre mondiale, en se cachant dans la forêt et en faisant pousser des plantes, et sa femme Shula. Pionniers des kibbutz, ils ont vécu dans le désert du Néguev à partir de 1959 avant de venir à Sasa.
Shmuel, 76 ans, d'origine française, rescapé pendant la 2nde guerre mondiale, en se cachant dans la forêt et en faisant pousser des plantes.
A Sasa, Shmuel est un des pionniers des vergers. Il montre ici son jardin, où il fait pousser tout ce qui lui fait envie.
A Sasa, Shmuel est un des pionniers des vergers. Il montre ici son jardin, où il fait pousser tout ce qui lui fait envie.
Tsoar, en banlieue de Tel Aviv.
Tsoar, en banlieue de Tel Aviv. Les habitants se connaissent tous.
L'entrée de Degania, qui symbolise la résistance nationale. En 1949, les habitants ont résisté à l'offensive syrienne.
Degania, près du lac de Tibériade, le premier Kibbutz, maintenant privatisé.
A Degania, les vestiges de l'histoire de ce tout premier kibbutz sont nombreux. C'est un des kibbutzim les plus visités.
Degania, près du lac de Tibériade, le premier Kibbutz, maintenant privatisé.
Une jeune femme, fille d'habitants de Degania, qui vient de revenir vivre au kibbutz. Pendant longtemps, les enfants de Degania ne sont pas revenus, beaucoup pensaient qu'ils n'y avaient pas de place pour eux.
Les anciens bâtiments de Degania, le tout premier kibbutz fondé en 1909 près du lac Tibériade. Aujourd'hui il est privatisé.
Ein Guedi, près de la mer Morte. L'activité principale du kibbutz est le complexe touristique qui y est adossé.
Ein Guedi, près de la mer Morte
Ein Guedi, près de la mer Morte
La route qui descend d'Ein Guedi vers l'espace de baignade dans la Mer Morte.
Touristes près de la mer Morte
Touristes près de la mer Morte
Touristes près de la mer Morte
Complexe touristique sur une rive de la Mer Morte.
Espoir d’une société meilleure, plus juste, égalitaire… et sioniste, le premier kibbutz voit le jour à Degania, en 1909, dans ce qu’on appelait alors la Palestine. Aujourd’hui, 2% des Israéliens vivent encore en communauté, et représentent économiquement 8% du PIB du pays… L’envers du décor est celui-là : 3/4 des 270 kibbutzim restants sont privatisés, avalés par un système économique libéral, rongés par les tentations individualistes. Pourtant, il reste des bulles de résistance : à Yotvata, confortable kibbutz au milieu du désert du Neguev, spécialisé dans la production de produits laitiers, Anat, ancienne assistante sociale devenue secrétaire générale du kibbutz, croit encore au modèle des débuts. « Ici, chacun a le même budget annuel, qu’il ramasse les poubelles ou qu’il soit en charge des finances du kibbutz ». Elle n’envisage pas d’avoir recours aux sanctions pour les paresseux, contrairement à son mari, Sharar, un ancien volontaire colombien, converti au judaisme et à l’idéologie du kibbutz. A Samar, à quelques kilomètres, la règle est « Pas de règle », comme l’explique Yaniv. Ici, contrairement à Yotvata, les individus ont le droit de modifier le design de leur maison, de le personnaliser… Avec l’accord du comité en charge de cette question, tout de même, puisque toutes les décisions sont votées. La salle à manger est ouverte 24h/24h et il n’est pas rare que les adolescents de sortie nocturne viennent y grignoter un petit quelque chose. Dans une bulle ? « Oui, nous le sommes, reconnaît l’une d’entre elles. Mais je suis consciente de tout ce que je dois au kibbutz. C’est pourquoi je travaille comme volontaire une fois par semaine », explique la jeune fille, qui dit n’avoir jamais eu de shekel en main. En effet pas besoin ici, tout est fourni : éducation, piscine, maison, nourriture…
A Sde Eliyahu, un kibbutz religieux du Nord, Beni, un Américain qui a fait son alyah il y a des dizaines d’années parle avec emphase de son lieu de vie. « Dans la Bible, il est écrit : prenez cette terre et gardez-la. Tout est dans le « Gardez-la ». Ca ne veut pas dire pour soi, mais pour les générations futures ». D’où le revenu principal du kibbutz qui est à base d’agriculture biologique. Pour honorer Dieu de son cadeau et préserver la terre. Le jeudi soir déjà, les familles viennent chercher à la salle à manger leur diner du shabbat du lendemain, afin de ne pas déroger à la règle du kibbutz : observer le repos hebdomadaire et ne rien effectuer comme travail, sinon se consacrer à l’étude de la Torah. Tova, la grand-mère de la famille, vient visiter ses petits-enfants ici. Avec son accent lituanien, elle s’exprime en français : « C’est miraculeux ici. Imaginez il n’y avait rien quand les premiers kibbutznik sont arrivés. Rien ». Ce que confirme Schmuel, un Français qui a du se cacher deux ans dans la forêt petit, sous l’Occupation, et a survécu de plantations informelles. Aujourd’hui, à Sasa, il cultive son jardin merveilleux comme une revanche sur son histoire. « Dans les années 50, nous avons débarqué dans le désert du Néguev avec ma femme enceinte du premier. Au milieu de rien. Le pays était à construire. Il n’y avait pas d’eau, pas de ventilateur, pas de salle d’eau. L’idéologie était si forte que nous n’avions pas le droit d’avoir des biens personnels: on nous a confisqué nos disques classiques. Même nos enfants étaient d’abord ceux du kibbutz : pendant des années, ils n’ont pas dormi dans les maisons de leurs parents, mais dans une maison commune, surveillés par des nourrices. »
Si les choses ont bien changé avec la modernisation des kibbutzim, leur industrialisation progressive et nécessaire pour survivre, (comme à Sasa, qui abrite une start-up informatique et produit des blindages pour véhicules), reste un credo : « faire confiance à l’autre comme à soi-même ». Le kibbutz est un lieu où l’homme se responsabilise, croit à un modèle d’égalité… Quitte à faire des sacrifices : souvent oublier ses rêves pour privilégier l’idée d’être utile au kibbutz (même avec un diplôme, on travaille aux champs), et admettre le manque de vie privée, puisqu’ici, tout le monde connaît tout le monde… Fanny, la belle soixantaine, qui habite Yotvata depuis 30 ans, le reconnaît: « Je ne regrette rien, mais maintenant que je suis retraitée, je pense enfin à moi. »
Plongée au coeur des kibbutzim, le plus grand modèle communautaire du monde, sans arrêt en train de se renouveler et qui connaît un regain d’intérêt : à l’heure des indignés et des Occupy, les Israéliens aussi, aspirent à moins d’individualisme et perçoivent les kibbutznik (habitants des kibbutzim) comme des privilégiés, qui résistent mieux à la crise. Les listes d’attente pour y habiter s’allongent…
[Publié dans Paris Match, novembre 2013]