A la maison nationale des artistes, à Nogent, les résidents sont peintres, musiciens, comédiens, sculpteurs. Du haut de leur grand âge ils gardent un esprit libre, malgré les défis des années.
En 1943, deux soeurs, Madeleine Smith, peintre, et Jeanne Smith, photographe, lèguent un magnifique château du XVIIe, en plein coeur de Nogent-sur-Marne, à la lisière de Paris, à l’Etat. Seule condition : qu’il serve à héberger “des artistes et écrivains des deux sexes” et dans le besoin. La Maison Nationale des Artistes (MNA) est née. Depuis, la vocation initiale a quelque peu évolué, car le financement partiellement étatique oblige le directeur à accueillir une partie de résidents non artistes. Mais la majorité d’entre eux reste peintres, poètes, sculpteurs, musiciens. Tout est fait pour encourager la continuation d’activités artistiques. Expositions, sorties culturelles et ateliers d’art-thérapie. “Ce sont des espaces d’expression, libératoires, où l’art devient plus spontané que pensé-raisonné quand c’était le cas dans la jeunesse de ces résidents. Ils maintiennent les pulsions de vie pour ceux dont le psychisme est défaillant. C’est là qu’ils se sentent libres, qu’ils existent encore même si leurs mots n’ont plus de sens”, explique la psychologue, Marie Deforges.
Texte : Delphine Bauer / Youpress
[Publié dans Causette #52, jan. 2015]