Tskhaltubo, petite ville de l’ouest de la Géorgie, a longtemps été réputée pour ses sanatoriums. Durant l’ère soviétique plus de 100.000 visiteurs se pressaient tous les ans dans la vingtaine d’établissements luxueux de la région pour y profiter des spas et saunas dont Staline lui même était un habitué. Aujourd’hui ces palaces gigantesques, fleurons du classicisme soviétique tombent en ruine… mais on y croise pourtant des habitants.
Près de 6.000 personnes ont trouvé refuge dans ces anciens hôtels : ce sont les déplacés de la guerre d’Abkhazie. Entre 1992 et 1993, les Géorgiens qui ont du fuir la région séparatiste ont été logés “temporairement” dans ces sanatoriums. 25 ans plus tard, ils sont encore nombreux à attendre que l’Etat leur fournisse un logement. Ils survivent avec des pensions ou de maigres indemnités chômage et vivent une vie suspendue au cœur des vestiges de la grandeur soviétique, entre l’espoir impossible du retour et la difficulté de démarrer une nouvelle existence.
Texte David Breger/Youpress
[Publié dans Paris Match, novembre 2019]