?a avait fini par me para?tre irr?el.
d’abord, d’habitude, je n’ai pas gngngn euros ? mettre dans un appareil photo. je dirais m?me que je n’ai pas gngngn euros tout court. j’en n’ai m?me pas 5 par semaine pour faire mes lessives, alors gngngn, pensez donc ma bonne dame, vous voulez rire ?
donc c’?tait d?j? assez irr?el.
en plus, je l’avais command? par internet, ce qui fait que le jour m?me o? l’argent ? ?t? litt?ralement pomp? (comme dans sucked out) sur mon compte en banque, je n’avais qu’un email de confirmation et accessoirement mes yeux pour pleurer si je m’?tais faite gruger.
et puis, j’ai attendu. tous les matins, j’entendais ma concierge qui vaillamment, avait mont? les 7 ?tages en ascenseur pour glisser notre courrier sous nos portes. r?veill?e en sursaut par son pas aussi l?ger et furtif qu’un tank am?ricain dans les rues de bagdad, je l’?coutais dans sa t?che palpitante, et je palpitais, donc, en m’imaginant, dans un r?ve ? demi conscient qu’elle allait glisser le paquet sous ma porte.
le premier jour o? plausiblement, j’aurais pu avoir un paquet ou un mot du facteur, elle m’a gliss? une lettre de la banque.
laquelle est toujours par terre ? l’heure qu’il est, ?videmment.
le deuxi?me jour, o?, peut-?tre, je n’aurais pas ?t? r?veill?e en vain pour esp?rer pendant trois minutes que oui, c’?tait bien ce jour l?, que, sans doute, elle m’a gliss? ma facture de t?l?phone sous ma porte, toute palpitante d’impatience elle aussi.
le troisi?me jour, tout le courrier ?tait pour mes voisins.
tant mieux, me suis-je dit en me rendormant, ? leur tour d’avoir des factures…tout ?a pour ?tre r?veill?e par MA sonnette quelques heures plus tard. je me suis lev?e comme ?a pouf, j’ai enfil? un jean, un t-shirt ? la vitesse de superwoman quand elle s’habille parce que le plombier passe ? 9 heures et qu’elle avait oubli?…un peu comme ?a, ouais. quelques minutes plus tard…
…une copine de ma voisine frappe ? la porte.
…de ma voisine, bien s?r. je l’entend qui s’excuse en disant qu’elle a sonn? n’importe o?.
C’ETAIT PAS N’IMPORTE OU, CONNASSE, C’ETAIT CHEZ MOI OU JE BOUILLAIS D’IMPATIENCE !!
le quatri?me jour, aujourd’hui pr?cisement, gros raffut, et plein de pas qui vont, qui viennent, toutes les demi heures. j’ai cru mourir, j’ai hallucin? le bruit du courrier sous MA porte, j’ai hallucin? la vision d’un avis de passage du facteur dans un rayon de lumi?re…bref, ?a devenait n’importe quoi…
je suis all?e boss? avec le m?me sentiment d’irr?alit?, refusant d’esp?rer que peut-?tre demain, oui, mais non, forc?ment ce serait ma facture d’electricit?, ou l’amante de ma voisine, voire m?me son mari, vous savez de nos jours…
et puis…ma sonnette ? retenti, de son bruit harmonieux et discret tout ? l’heure, sans m?me que j’attende de la visite. je me suis dit, mazette, un cas d’urgence, un(e) ami(e) ? d?panner qui n’a pas pu me pr?venir, sortez mouchoirs et tr?molos, vite une ?paule r?confortante, vite quelques mots d’apaisement, une bi?re, un billet de 10 euros, que sais-je.
et l?, en face de moi. ma concierge :eek:
? huit heures du soir !
avec un gros paquet :D
voil?, donc, il s’appelle poussinette, il charge tranquillement, plus que quatre heures avant que je ne puisse m’en servir. :|
je le savais, le num?rique, c’est tellement fait pour moi…
