Elle a frapp? ? ma porte tout ? l’heure, la veille d’encore un anniv’, et s’est plant?e ? l’entr?e, les poings bien serr?s dans les poches de son pantalon rouge, son pr?f?r?. dix ans elle devait avoir, ? tout casser, encore bronz?e des vacances d’?t? pass?es ? crapahuter dans les montagnes, ses cheveux blonds cendr?s coup?s au carr?, avec cette m?che devant qui lui mangeait la moiti? du visage. aux genoux, son pantalon avait une curieuse teinte verd?tre, j’ai devin? en dessous les cro?tes arrach?es sanguignolantes des chutes de v?lo, les cicatrices des ronciers sur les mollets, gagn?es de haute lutte en cueillant des m?res ou en construisant une cabane. j’aurais m?me pu parier que dans ses poches, il y avait un canif et des billes mais j’ai pas demand?. je l’ai juste faite entrer.
elle a regard? mon studio autour d’elle, les piles de cds, mon bureau ? mar?e haute, les n?gatifs qui s’entassent, mon sac photo d?bordant de matos en vrac, mes bouquins partout et mes photos aux murs, avec une mine curieuse mais m?fiante.
– c’est l? que t’habites, en vrai ? elle a commenc?.
– yep, j’ai dit avant de m’excuser de pas avoir pass? l’aspirateur.
– mais c’est MINISCULE !
j’ai senti qu’on allait en avoir pour un moment. j’ai rien dit sur les loyers ? paris, je lui ai montr? la vue sur les toits.