rechercher, affiner, trouver un nouveau but, m?me pas nouveau d’ailleurs, juste un but, et s’y tenir aussi. quelque chose qui me fasse apprendre, sortir un peu de ce que je sais, aller voir l?-bas si je m’y trouve, si je m’y prouve. rien de bien neuf, ? part peut-?tre un peu le regard, la mani?re de voir, d’y apporter un style, voir si je peux y arriver ou si le reste n’?tait qu’un coup de pot du genre jou? aux d?s pip?s. je ne sais pas trop, je tourne en rond j’ai l’impression, je connais trop par coeur ce que je fais, niveau perso s’entend, niveau boulot ?a va, j’ai de la marge, encore un peu, mais l?, je ne sais plus, je d?clenche toujours au moment que j’ai vu et pr?vu, sans audace ni r?elle ni feinte, je sais que j’esquisse parfois des gestes et des regards de c?t?, des trucs que j’emmagasine en me disant que je verrais apr?s, l? je me dis apr?s c’est maintenant en fait, si j’attends vraiment apr?s je vais perdre du temps, je vais perdre du go?t pour ce que je laisse en suspens.

j’ai regard? des tonnes d’images recemment, pioch?es ? droite ? gauche, sur des sites ou en me laissant guider par leurs auteurs, ?a m’a fait r?fl?chir toute l’unit? que j’ai vue de ci de l?, une coh?rence profonde que je ne crois pas avoir, ?a m’a un peu coup? le souffle. je me dis parfois que je suis en train de faire un beau g?chis ? rester perdue entre plein de directions sans jamais en prendre une ? fond, ? toujours vouloir faire des compromis avec moi-m?me de peur de me pi?ger, de me laisser m’attacher, quitte ? ne jamais aller au bout de rien, sinon c’est trop facile, sinon m?me je risquerais de faire des projets ? long terme et qu’ils r?ussissent, sinon m?me je risquerais d’avoir un vrai style, ce truc ind?finissable, ce truc qui chez moi n’est que superficiel, pour l’apparence, pour le jeu, pour m’imprimer dans de multiples facettes sans jamais faire de choix. l? ?a devient n’importe quoi, trop disparate, trop fouilli, trop brouillon, un petit peu de tout et surtout de rien, en attendant quoi, l’?clair de g?nie ? l’inspiration supr?me ?

il va falloir que je me teste, que je me risque, que je m’extirpe un peu hors de mes murs, que je me fasse violence et surtout que je recommence lorsque m?me ?a, ce sera devenu un peu trop p?p?re, un peu trop rythme de croisi?re. ce blog, je n’en sais rien encore, je ne sais pas ce que je vais en faire, ?a fait un bout de temps d?j? que je ne sais pas o? il va, que je l’observe un peu g?n?e par sa place et son poids, il est devenu un peu un genre de n’importe quoi. je n’ai de toute fa?on plus d’inspiration pour les mots, je n’ai aucune peine de coeur ni pr?sente ni ? venir pour leur filer un coup de fouet, mes images sont d?sordonn?es, ? peine juxtapos?es, ?a me donne l’impression que ?a d?passe de partout que c’est pas rang?, non pas que le bordel en g?n?ral m’indispose, mais j’atteins un peu l’?coeurement, ? voir toutes ces piles de mots et d’images si emm?l?es que je n’arrive plus ? rien dissocier, faire la part de ce qui est bon et ce que je pourrais jeter.

j’ai pr?vu un grand m?nage d’hiver sur mon site de books, un peu dans la m?me optique, je ne veux plus ?tre exhaustive, je laisse ?a aux autres, maintenant je veux choisir, je veux ?tre s?re, que chaque image p?se, que chacune soit importante en elle-m?me et dans un tout. je veux que ?a ait de la gueule, que m?me s’il n’en restait que dix, ce soit les dix qui comptent, les dix qui racontent. je changerai encore d’avis, je vais encore tergiverser, mais je ne crois pas que cela va prendre beaucoup de temps, je n’ai pas cess? d’y r?fl?chir, c’est venu petit ? petit, j’ai eu le temps aussi, en 2004, j’ai d? faire aux alentours de 12000 photos. pas 12000 bonnes photos, bien s?r, m?me pas 1000 photos potables, peut-?tre m?me pas 50 photos montrables, peut-?tre juste une dizaine dont je ne me lasse pas. et puis juste une que j’ai sans arr?t ? l’esprit depuis que je l’ai faite.

en regardant pour la premi?re fois mes diapos de ces deux heures pass?es avec dolor?s marat et surtout en les ?ditant, je me suis rappel?e de plein de petites choses qu’elle avait dites, comme ?a, presque l’air de rien, parce qu’elle n’?tait pas trop s?re de savoir quoi nous dire, alors elle nous a dit des trucs qui ?taient importants pour elle, ?a aurait pu juste me fr?ler, ?a m’en a fichu plein la figure de plein fouet. pendant un mois et demi je me suis dis bon, je recommence par o? alors ? et puis l?, je ne sais pas, on verra, enfin si je sais ? peu pr?s, la direction, grosso modo, les limites qu’il faut que je m’impose pour que mes images persos en soient vraiment, les recherches que je veux faire, le travail conscient qui se superpose avec l’instinct, on verra si ?a marche, un poil plus d’audace, un poil plus d’imagination, un poil plus de perseverance, pas de projet pr?cis vraiment, mais un travail juste pour moi-m?me, pour ne plus avoir l’impression de m’encro?ter dans mes acquis. si tout va bien, on se revoit l? o? je ne suis pas s?re que je me trouve, ce sera quand ce sera, je crois qu’en photo, je pr?f?re encore l’imparfait au conditionnel.

la nuit derni?re, j’ai r?v? que je montais dans un train dont les rails ?taient des fils ?lectriques suspendus et qu’au loin par la fen?tre on voyait notre destination, une prairie baignant dans une lumi?re surnaturelle, avec un arbre ?norme au milieu, mais je trouvais que j’?tais bien trop loin pour une photo, alors j’attendais qu’on se rapproche, mais evidemment, une fois sur place, les scintillements de la lumi?re dans l’air s’?taient ?vapor?s, je faisais une ou deux photos quand m?me et puis au r?veil, je me rends compte toute triste que non, d?finitivement, ces photos l? n’existent pas.

ce soir, montparnasse, dernier m?tro envol? depuis plus d’une heure, je fl?ne par st michel, le coeur de l’?le de la cit? et de l’?le st louis compl?tement d?sertes, bastille, les oiseaux gazouillent sur le boulevard richard lenoir, je fais des photos pendant toute ma travers?e de la ville, il ne manquerait plus que le soleil se l?ve avant que je n’aille me coucher pour que ce soit exactement parfait, mais d?j?, ?a compense pour les photos manqu?es de mon r?ve…

tu sais, les journ?es que tu vis en ce moment, je les connais. je les ai d?j? v?cues. dit comme ?a, ?a aurait presque l’air paternaliste. blas? m?me. mais tu sais bien que non. je ne minimise pas l’importance et l’attrait si particulier que tu en attendais, mais oui, je les connais tes journ?es, je les ai d?j? v?cues.
je les ai imagin?es en d?tails, avec pr?cision, histoire d’?tre s?re d’?tre surprise ? chaque fois, histoire que rien ne colle jamais tout ? fait avec toutes les visions que j’en avais cogit?es. les yeux ecarquill?s et pourtant une douce assurance, celle-l? m?me qui va de paire avec les petits tressautements d’appr?hension, d’impatience aussi. enfin je me disais. enfin j’y suis, la r?ussite de mes missions ne d?pendant quasiment plus que de moi. l’ing?rable doit se g?rer, l’impossible doit devenir r?alisable, et pourtant, tu ne cries pas victoire trop t?t. je connais aussi l’amertume de la deception, je l’ai imagin?e ? chaque instant.

mais il y a de plus petites victoires, celles que tu portes seule en toi, celles que tu ne diras pas sauf dans un sourire, pour donner la mesure de ce que tu as appris et ce qu’il te reste ? apprendre. de tout ce qui te parait un pas ?norme, tu vas bient?t rire, le temps qu’il te faudra pour prendre encore un risque de plus, un risque plus important, cette mise en danger permanente que tu recherches en ?quilibriste apprenant sa ma?trise du vertige, ses limites aussi.
mais tu sais appr?cier les journ?es qui d?s la premi?re minute vont ?tre difficiles, pas que ce soit toi qui partes battue d’avance pour ne jamais ?tre d??ue, mais quand il est annonc? clairement qu’il va falloir jouer serr?, tout en finesse, qu’il y aura s?rement plus de pas possible que de tout est permis, c’est l? que tu sais qu’il faut tirer parti sans profiter, ajuster le tir pour mieux le corriger, ?tre poids plume en s’imposant au bon moment, difficile d’?tre invisible et omnipr?sente.

ta r?compense ? je ne te parle pas de r?compense, tu la trouveras dans ce que tu voudras si tu en veux vraiment une, mais moi je crois qu’il n’y en a pas. faire ce qu’on attend de toi n’appelle rien d’autre que ton salaire, le faire bien c’est le minimum, le faire mieux que ?a, c’est une autre affaire qui ne regarde que toi. je suis chiante ? d?merde toi. je connais tes journ?es, je sais ce que tu vis et je te connais parfois jusqu’au bout des doigts.
et maintenant, va te coucher, t’as du boulot demain et ton hyperconscience a aussi besoin de repos, crois moi.

cette nuit j’ai r?v? que j’?tais jolie.
c’?tait agr?able.

apr?s je me suis r?veill?e, j’ai une cr?ve m?taphysique, la t?te dans un ?tau, les yeux en couilles d’hirondelle et le nez qui coule, c’est encore pire que samedi et si je retrouve le mec qui m’a balanc? la moiti? d’une bouteille de flotte dessus depuis la sc?ne hier soir, sous pretexte que ouais, t’es chaud le public ? ?a va chier. ben nan, je suis pas chaude l?, je suis tremp?e, je me les g?le, il fait moins quatorze dehors, et si la flotte a endommag? mon appareil, je te fais bouffer ton micro.
demain, je serai facile ? vivre. ou vous en r?verez. au choix.

soundtrack : errr…du classique. c’est bien aussi le classique. on va dire vivaldi – concertos pour mandoline.

j’y pense. un peu. parfois. ?a d?pend. la plupart du temps je n’y pense plus.
si mes souvenirs ?taient plus frais, j’y penserais sans doute un peu plus. mais l?, non. ou alors c’est tr?s vague, tr?s diffus. et puis ?a s’?loigne, sans le moindre effort. sans le vouloir, presque sans le faire expr?s. sans m?me parfois que je m’en rende compte.
et c’est quand je r?alise ou qu’un evenement ou une phrase me fait r?aliser que je n’y pense plus que ?a revient, un peu. mais pas tr?s longtemps. j’ai cess? d’y accorder de l’importance. c’est un peu comme des impossibilit?s qui s’encha?nent, un peu comme des perles qu’on enfile pour faire un collier.
quand j’y pense, ?a ne me fait plus grand chose, si mes souvenirs ?taient plus frais, il y aurait sans doute quelques regrets ?pars pour se faufiler dans des f?lures, pas des regrets pr?cis, juste des formes de regrets, ou une forme de regret, rien de tangible, des morceaux d’impressions tout au plus. si je pouvais me rappeler de plein de petites choses, je n’aimerais pas trop je crois, ?a serait fatiguant ? force, je ne voudrais pas qu’un rien me fasse sursauter, je ne voudrais pas m’enfermer dans ma t?te, pas plus qu’? pr?sent du moins.
quand j’y pense et si j’y r?fl?chis un peu, je sais bien ? quelles conclusions j’arrive ? chaque fois, les conclusions n?cessaires, je les contemple en me disant, so what ? so what si j’ai peur ? ?a ne change rien au cours des choses, c’est bien de le savoir, c’est d?j? bien de le reconna?tre, c’est d?j? bien d’?tre honn?te, mais ?a ne change rien. je ne sais m?me pas si j’aurais tant envie que ?a de changer ?a. oui, un peu, parfois, j’ai cette envie l?. et puis finalement, non, je ne sais pas. pour quoi faire ? c’est toujours mieux quand on y croit ?
j’y pense un peu. parfois. et ?a me fait sourire. je n’en suis pas ? une improbabilit? pr?s. je me revois ? 17 ans et m’excuse un peu ? l’ado mal dans sa peau que j’?tais, je m’imagine dans 15 ou 20 ans, et ?a me fait rire toute seule.
ce n’est pas de la facilit?, la facilit? ce serait l’inverse, c’est juste un constat, je crois qu’en fait, je m’en fous un peu. des fois je m’en fous moins. et j’y repense.
et puis ?a sombre dans l’oubli.
un peu comme tout.

soundtrack : pinback – prog