et surtout, quoiqu’il arrive, quelques soient le stress, la pression, les sommes d’argent impliqu?es, le temps, les insomnies, les deceptions, les frustrations, les envies, les ?chouages, les larmes raval?es, les peurs paniques,

ne pas oublier que :
la photos, c’est pas grave,
c’est pour de rire,
c’est du divertissement,
c’est de l’illustration,
c’est de la beaut? offerte,
c’est des couleurs qui fusent dans la t?te des spectateurs,
c’est de l’imaginaire,
c’est tout dans les yeux,
c’est tout dans le creux du ventre aussi,
c’est juste fait pour ?tre beau,
c’est juste fait pour ?tre bu,
c’est juste fait pour ?tre vu,
c’est des sourires,
c’est des larmes au rire aux larmes aux yeux,

la photo, c’est juste ce qu’il y a de plus s?rieux et de moins s?rieux au monde.

ay?, le concert est fini, l’?cran de poussinette vous montre des horreurs color?es que jamais vous avez envie de les regarder, ni m?me de les travailler et les enregistrer, sans parler d’avoir ? les montrer ni surtout, de penser ? m?riter un salaire quelconque.

mais pas de panique. il reste quelques options pour ne pas avoir la honte de votre vie coll?e ? vos basques, que m?me vos h?ritiers jusqu’? la quatorzi?me g?n?ration la porteront encore, c’est vous dire comment vous avez bien la pression et les boules en ce moment.

– 1 – si vous avez peur que vos propres photos ne vous fassent pas frissonner, ressortez vos vieilles cassettes de – au pif – graeme allwright et du tribute to woody guthrie. ne comptez pas tant sur la musique que sur les craquements des vinyls desquels vous les aviez repiqu? 10 ans auparavant.

– 2 – servez vous une bonne tasse d’earl grey, accompagn?e de prince au chocolat (oui, d?j? il y 15 ans, vous trouviez les BN ringards)

– 3 – c’est l? que les ath?niens s’atteignirent. bon. face aux vignettes, imaginez le pire du pire, histoire d’avoir quelques bonne surprises. on ne sait jamais. un miracle, ?a arrive tous les jours.

– 4 – si c’est rouge de rouge, plus rouge tu meurs, le bon rouge qui gomme tous les d?tails, celui qui vous fout grave en rogne, faites l’aventurier des balances des couleurs, ? la recherche de sensations fortes. de toute fa?on, c’est des photos de concert, donc on s’en fout de la plausibilit? des couleurs. l’important, c’est que ce soit joli. arr?tez quand m?me quand les bascules deviennent trop visibles. faut pas prendre les gens pour des cons non plus.

– 5 – pestez contre les pieds de micros, on n’a pas id?e, les foutre en plein milieu !

– 6 – recadrez uniquement si n?cessaire. pas la peine d’?tre un chacal en plus d’?tre un imposteur.

– 7 – r?duisez l’image ? une taille ?cran respectable pour un usage internet, puis, allez faire un tour du c?t? de l’accentuation, histoire de voir ce qu’il se trame l? bas. mettez-y la gomme. perdez 5000 points si vous faites appara?tre trop de grain ou de bruit, s’p?ce de sagouin.

– 8 – enregistrez. passez ? l’image suivante.

– 9 – au bout des 103 photos, prenez deux aspirines et courrez au lit sans regarder votre montre.

– 10 – attendez le lendemain matin pour tout revoir d’un oeil neuf, ou?, enfin, on va dire repos?.
le lendemain j’ai dit.

bon…et maintenant, reprenez ? z?ro.
pas les photos, hein.
La Photo.

?a va.
l?ger mieux.
mais tout se bouscule, s’accumule,
le portillon s’encombre et mon cerveau s’embrume.

ok.
respirer.
m?me si mes plans sont tomb?s ? l’eau.
m?me si j’ai des tonnes de trucs ? faire, ? parfaire.
laisser faire. laisser dire.
je ne sais pas o? je vais, je ne sais pas o? je ne vais pas.
pas certitudes et laisser le temps faire.
ne plus s’en faire.
arr?ter de tout foutre en l’air.

m?me si c’est tentant.
surtout si c’est tentant.

?a y’est.
fermer les yeux.
j’?loigne ce tourbillon mais je vais atteindre des sables mouvants qui ne figuraient sur aucune carte.
il y a des gens qui ne croient que ce qu’ils voient, moi je ne crois que ce que je vois pas.
comme tous ces plans qui me p?tent ? la figure, un genre de feu d’artifice que j’essaie de pr?parer avec soin et puis la poudre est mouill?e, et pis les m?ches sont coup?es, et pis j’y croyais et pis rien n’?tais s?r…et pis…et pis..

courir, toujours plus vite, encha?ner toujours plus de projets et d’obligations.
ne pas s’arr?ter. surtout ne pas laisser tous les murs pris dans la gueule venir ? bout de ce rythme impos?.
ce serait comme un jeu vid?o, o? non seulement, le d?cor avance, mais le tit bonhomme qui court aussi.
surtout ne pas s’arr?ter, ce serait revenir en arri?re, et une fois ? terre, o? trouverai-je la force de me relever, de repartir et combler le retard ?

play.
fredonner.
envie de flotter. l? tout de suite.
laisser la pression constante descendre.
un peu. encore un peu. juste un tout petit peu.
r?ver d’un petit air frais, celui qui colle aux l?vres et se plait ? ?tre murmur?, la t?te pench?e et les yeux dans le vague ? l’?me…

j’arr?te, je repars en arri?re.
je vais bosser, un peu. juste un tout petit peu.
un truc insignifiant et pas fatigant. je vais remettre claude bolling. encore un tout petit peu.
plus que trois heures ? tuer…

je crois que je sais.
c’?tait tellement ?vident.
?a m’est apparu pr?cis?ment ce matin, en me r?veillant une heure avant que mon r?veil ne sonne, des brumes r?veuses o? j’errais tranquillement.
et l?, j’ai su.

j’ai su pourquoi cela fait trois jours que j’absorbe une quantit? de chocolat – tr?s bon au demeurant – effarante, pourquoi toute autre forme de nourriture n’excite aucunement mes papilles, pourquoi je suis une pile ?lectrique oscillant entre la mort c?r?brale et une superactivit? superstressante, pourquoi j’en ai ras-le-bol de toutes les centaines d’heures de musique que j’ai chez moi, pourquoi je me suis achet? en cd un disque de mon enfance – Claude Bolling original ragtime -, pourquoi le concert du groupe de Mon Ins?parable m’a retourn? hier soir bien que je connaisse les chanson par coeur, pourquoi seules les pens?es aux choses vraiment importantes s’envolent comme rien tandis qu’une demi-douzaine de futilit?s en tout genre restent pendues ? mes neurones, pourquoi je n’ai m?me pas d?ball? mes dvds fra?chement re?us, pourquoi la tendance de la balance inspiration/flemmardise a eu une facheuse propension ? s’inverser cette semaine, pourquoi j’ai fait autant de grasses mat’ que possible roul?e en boule dans ma couette, pourquoi j’ai eu envie de voir du monde et personne ? la fois, pourquoi deux bi?res hier soir, pourquoi des images ? vomir, pourquoi des sautes d’humeurs que personne n’a eu a essuyer – sauf moi -, pourquoi m?me pas envie d’une soir?e dvd-pizza…

bref, tout ?a, je l’ai su ce matin, donc. au moment tr?s exact d’une p?nible reprise de conscience ouvrant mon cerveau au monde ext?rieur, et surtout dans le cas de ce matin, ? mon monde int?rieur.

parce que c’est elle, cette putain de douleur convulsant mon bas-ventre en spasmes d’intensit? progressive, allant du passable ? l’insoutenable, qui a mis ces trois derniers jours sous un jour nouveau, me rappelant du m?me coup ma putain de condition de femme et m?me que celui qui a invent? cet ?tat de choses ferait mieux de pas passer sous mes fen?tres, sinon, j’lui en colle une, entre deux shoots de nurofen. j’dis ?a, j’dis rien…mais quoi, hein, bon, non mais sans blagues, alors…

?a va se finir en overdose de Gershwin, Wiener & Doucet, et Satie, ?a, je le sens bien…

too many pictures,
too much music,
in too little time.

i’m feeling sick and i hate my work.