comparer nos converses qui tuent avec Amp Fiddler et (re)prendre du plaisir ? cadrer des portraits.
et ? les bosser.
et ? les regarder.
pis lui envoyer les photos, quand m?me.

je suis finalement all?e chercher le livre hier. c’?tait le bon moment je crois, le bon moment pour aller chercher Errance. je l’avais command? il y a une bonne quinzaine. sur le coup, j’?tais d??ue qu’il ne soit pas en stock dans ma librairie et puis je l’ai oubli?. ils m’ont appel?e, j’aurais pu descendre de chez moi, marcher deux minutes et repartir avec mais je ne l’ai pas fait. j’ai attendu un peu et puis je l’ai encore presque oubli?. ?a n’?tait pas plus mal, je savais qu’il m’attendait, et moi je n’avais qu’? attendre le bon moment.

A chaque fois que je regarde des photos de Depardon ou que je le lis, quelque part, je r?apprends la photo. c’est pour ?a qu’il faut attendre le bon moment ? moins qu’il ne me choppe vraiment ? l’improviste. il y a trop de choses dans ses livres, pas uniquement des belles photos. c’est ?trange de lire ses peurs et quelque part, c’est rassurant. pourquoi l’humain est-il rassur? de voir que les autres sont tout autant humains ? m?me ses photos vides de silhouettes humaines ou de visages sont rassurantes, d’une certaine mani?re. la beaut? est rassurante souvent. flippante parfois. “une qu?te du lieu acceptable/du moi acceptable” j’ai not? ?a dans un coin de ma t?te, sans trop le faire expr?s. j’ai sourit en lisant son d?sir d’une femme aim?e qu’il emm?nerait dans le d?sert, ou d’une femme aim?e en voyage. mes propres fantasmes ne sont pas si originaux, apr?s tout.

ma qu?te ? moi, pour le moment je crois, c’est une qu?te de la distance acceptable. j’ai toujours cette phrase en t?te, attribu?e ? nombre de grands photographes et qui je crois, vient de Capa : “si la photo est rat?e, c’est que tu n’?tais pas assez pr?s du sujet.” ou quelque chose comme ?a. je l’ai prise comme un motto, une formule, une v?rit? ? m’ass?ner ? chaque fois que j’?tais d??ue. c’est un motto frustrant, car je ne suis quasi jamais assez pr?s, m?me pour mes photos ? peu pr?s r?ussies. mais ce n’est pas un motto ou une v?rit?, c’est une ?cole tout au plus. comme l’?cole de l’instant d?cisif. apr?s tout, je crois que la bonne distance, c’est juste la bonne distance pour soi, pas pour les autres. l’instant d?cisif, c’est l’instant d?cisif pour soi, pas l’Instant entre tous dans l’absolu.

j’ai regard? ? nouveau mes photos du Kosovo et de Belgrade. ? quelques exceptions pr?s, c’est du travail de cochon. je les ai boss?es ? la va-vite, comme pour m’en d?barrasser. comme pour oublier que j’?tais de retour ? Paris et que ?a me d?primait d’avoir d? revenir.

je n’irai pas ? Rock en Seine. la question n’est m?me pas de savoir si j’aurais un pass ou non. j’ai bien aim? Rock en Seine, j’y suis all?e depuis la premi?re ?dition, je l’ai couvert d?s la deuxi?me mais si j’y vais cette ann?e, c’est seulement parce que ?a serait dommage, d’un certain point de vue, de casser cette s?rie. ?a n’est pas une bonne raison pour y retourner je crois. j’ai bien aim? Rock en Seine parce qu’il y a plein d’amis photographes ou journalistes ou attach?s de presse avec qui on rigole bien, parce que ?a fait un peu rentr?e des classes. c’est une bonne raison mais pas suffisante. je ne connais m?me pas la programmation cette ann?e et je m’en fous un peu. il y a s?rement plein de bons groupes ? voir, ? d?couvrir. mais je sais que m?me si j’essaie d’?tre un peu originale, une photo de festival, c’est toujours la m?me histoire que je raconte et je ne sais pas si cette histoire m’int?resse encore vraiment. r?ellement. ?a m’int?resse toujours oui, il y aura toujours la recherche d’une bonne image, d’un bon cadrage, mais ?a ne me prend pas aux tripes ou plus comme avant.
je pourrais me dire que je raconterais des histoires de festivaliers, que je ferais des photos d’ambiance. mais ? quelques exceptions pr?s, je ne crois pas que je veuille vraiment non plus de me cacher derri?re un t?l?objectif pour faire des portraits de parfaits inconnus. dans d’autres circonstances, sans doute. et puis des portraits au t?l?, c’est un peu un mensonge. c’est un petit mensonge mais un mensonge quand m?me. dire la v?rit?, ?a serait faire des portraits au 50 mm, voire au 35. je ne fais ce genre de portraits que des gens que j’aime. je crois que je n’ai aucune envie d’abolir la distance pour des portraits d’inconnus parisiens. c’est aussi simple que ?a. dans d’autres circonstances, je le ferais comme je l’ai d?j? fait mais l?, non.

avec les artistes, c’est diff?rent. j’accepte de me laisser forcer ma bulle par un/une inconnue mais ?a n’est pas vraiment un/une inconnue, puisque moi je connais sa musique. pas un ne se doute je pense que je me fais violence pour m’approcher assez pr?s. et certains se font sans doute un peu violence pour me laisser m’approcher. en fait, on est ? ?galit?. ?a a toujours ?t? plus ou moins violent pour moi de faire des photos des gens, mais c’est important, je ne fais pas ?a par masochisme, c’est important. je crois que faire certaines choses, m?me si elles ne sont pas naturelles au d?but, m?me si elles demandent des efforts, m?me si les efforts ne servent ? rien au final, c’est important. se dire qu’on ne devrait pas faire d’efforts ou se faire violence, que tout doit ?tre compl?tement naturel est imb?cile. c’est juste une solution de facilit? et rien n’est jamais enti?rement naturel. on peut tendre vers le naturel, le plus naturel possible selon soi-m?me mais il y a des choses plus importantes que le naturel. certains portraits par exemple, essayer de d’entrevoir, de capter rapidement un petit bout de la personnalit? qu’on veut bien me d?voiler. c’est plus important que mon naturel ? moi, surtout si j’essaie de capter le naturel des autres.
j’ai bien aim? faire la session acoustique et des portraits de Katel. pas un moment elle n’a regard? directement dans mon objectif et je ne le lui ai pas demand?. c’?tait mieux comme ?a. un peu comme pour S?bastien Schuller.

en fait, je croyais en avoir ? peu pr?s termin? avec mes photos du Kosovo. je m’?tais dit bon maintenant, je passe ? autre chose. mais la porte s’est ouverte, les photos sont bonnes ou mauvaises et je ne peux pas passer ? autre chose parce que je n’ai pas termin?. je vais y retourner pour essayer de border mieux les choses. en attendant, il y a beaucoup de photos ? vraiment retravailler, j’ai fait du boulot de cochon.
par exemple ?a :
frontiere kosovo

bon, l? j’ai un tirage de lecture :
frontiere kosovo

la troisi?me version sera le tirage d’expo.

ensuite, je vais reprendre mes photos de voyages et faire des tirages A5 de certaines, pour les avoir en book. un truc tangible, m?me si je ne fais pas de photos pour me souvenir. mais c’est important un truc tangible, des beaux tirages. un point de d?part quoi. voire un point interm?diaire.

je sais plus trop comment m’est venu ce truc de dire que de toute fa?on, je suis que photographe, donc analphab?te. je sais pas si c’est plus de la paresse intellectuelle “ah ben merde, faut que j’apprenne ? ?crire bien comme il faut” ou une mani?re de me prot?ger contre une forme de m?pris ressentie parfois de la part de personnes qui s’imaginent qu’un photographe ne fait qu’appuyer sur un bouton.
ce qui est vrai dans certains cas mais l? n’est pas le sujet. ou alors c’est p’tet aussi que j’ai l’impression de piquer le boulot d’un autre. ?a me gave d?j? assez quand j’ai l’impression qu’on fait le mien ? ma place pour pas le faire ? d’autres.
j’ai re?u l’autre jour ma paie pour mon 2e article publi? dans un mag de musique. si c’est pas beau ?a. bon, faut dire que quand j’?cris dans un mag, c’est en g?n?ral un cas de force majeure. Le premier, c’?tait un trip ? Los Angeles pour couvrir le tournage d’un clip, et ils avaient d?cid? de filer le billet d’avion ? une photographe plut?t qu’un r?dacteur. et bam, un feuillet sur ce qui se passe dans le clip, pas de quoi fouetter un chat, mais c’est couillon, je sais pas si j’ai gard? le mag en question. bref, l?, c’?tait un trip en train avec Hocus Pocus, mon journaliste s’est juste jamais point?. j’avais des potes journalistes dans ce train, j’avoue que je leur aurais bien refil? le b?b? d’?crire mes 2500 signes… mais mon r?dac chef m’a dit “bah non, tu vas ?crire, mais on t’aidera hein.” ce qui ?tait une belle mani?re de me faire confiance ou de me jeter dans le grand bain “mais si tu sais nager allez” plouf. ils ont bien am?lior? des trucs mais dans l’ensemble, c’?tait plut?t mieux que ce ? quoi ils s’attendaient. faudrait que je passe le chercher ce mag quand m?me…
et puis j’ai h?sit? ? dire sans rigoler, ? un pote qui a un site internet et qui cherchait des chroniqueurs de festivals que je suis pas vraiment analphab?te et que je saurais le faire. peut-?tre que je suis pas analphab?te mais juste un peu concon. j’ai aucun scrupule ? ?crire des trucs pour le-hiboo, live-reports, festivals et l? r?cemment, interview, mais faut dire que c’est pas pay?, c’est plus facile pour me dire que je pique le taf de personne. c’est plus facile aussi d’?crire dans un style qui ressemble ? rien et qui m’?clate, sans contraintes. je vais quand m?me faire relire mon article-interview par une journaliste rock, je sais pas, p’tet que j’ai besoin d’une ?ni?me confirmation que je suis pas ni analpha ni b?te ou que je peux aussi raconter des trucs int?ressants avec des mots.
et puis je vais ?changer cet ?t? des p’tites formations photo contre une p’tite formation “angle, probl?matique, synopsis” tout ?a, un des nombreux avantages de bosser dans un kolkhoze de journalistes. un autre, c’est de proposer un beau sujet avec photos, et d’avoir une r?dac chef monde d’un hebdo que je kiffe et dont je kiffe les articles qui me r?pond dans les 10 minutes pour me dire que c’est pas pour eux mais que c’est magnifique comme sujet. j’en ai fait une petite danse sioux de la victoire. m?me si on l’a pas vendu encore, m?me si j’ai fait “que” les photos.

bon, faut que j’arr?te de relire et de corriger mon interview et que je l’envoie. faudra que j’arr?te de flipper aussi. c’est pas d’interviewer tel ou telle artiste, plus d’?tre ridicule avec mes pauvres questions ? deux francs de fille qui a pas encore trop l’habitude, complex?e par la culture musicale des autres journalistes. alors que bon, je me d?fends en fait. je savais d?j? qu’on pouvait apprendre juste en observant les autres faire, avec leur papier et leur crayon et leur curiosit?. je savais pas qu’on pouvait apprendre autant et qu’une fois dans le bain, ben y’avait plus qu’? nager tranquille.

-ju kosovo prizren
(photo David Breger – youpress.fr)

Bon, c’est vrai que vu comme ?a, ?a pourrait ?tre n’importe o?, faut me croire sur parole ;p
j’aurais eu encore plein de petites histoires ? raconter, mais il y a un moment o? il faut passer ? autre chose, c’est comme ?a.
ah et puis, j’ai mis plein de photos n&b de Belgrade et du Kosovo sur mon p’tit site. c’est pas de La Grande Photo ou du Grand Reportage, juste des photos que j’ai aim? faire, des moments que j’avais envie de saisir au passage. j’ai pas encore tout mis en ligne, on vend un super chouette reportage avant (les deux du fond qui suivent pas, croisez les doigts aussi sivoupl?, merci) et puis ?a arrivera. d’autres en couleur seront en ligne bient?t aussi…

road to prizren
Road to Prizren

for our last night in Belgrade, we decide to try the splavovi : the bars and nightclubs on boats on the banks of the Sava river. Sander, the dutch journalism student who’s staying at our youth hostel as well joins us. we warn him that so far, we haven’t been too lucky with the nightlife in Belgrade but he doesn’t really mind. it’s past 9 when we find ourselves waiting for a bus that will never come to bring us on the other side of the river. it takes us a long time and a lot of talks between us and with anyone willing to help us out before we finally find and climb down the stone stairs leading to the bank of the Sava. there, trying to avoid to walk on syringes and to disturb a few fishermen, we finally find the main alley leading to the splavovi and the said splavovi. naturally, they’re all closed.
starving and tired, we eventually walk back to the center. the first restaurant we aim for is closed and most other open places are only bars, we can already picture ourselves eating old cookies for dinner at our hostel. our last try before giving up leads our steps to Francuska and the metal gates of a tall and old building surrounded by a garden. a quick glance shows us that the terrace is closed but when we enter in the building, a waiter leads us in the underground restaurant. we’re almost alone in the big room, classy in a deliciously old-fashionned way. in our guide, we soon read that we’ve landed in the Klub Knjizevnika, one of the oldest restaurants in town, which used to welcome the intellectual, political and even dissident elite during Tito’s times. we might not have the faintest luck in finding good bars, but, counting the “?”– the oldest tavern in town — and this one, we’re definitely spoiled with the restaurants and food here.

                                                                               ****

the incence scent strikes me, as we enter the dimly lit tiny chapel. standing in front of a turning book holder, a monk sings the orthodox ritual prayers in serbian. I’m hypnotized by the way the light right above him softens his face and for a while, I can only look as his lips moving and his fingers turning the pages. another monk approaches the light and turns the book holder, while the first one makes a sign to a monk I can’t see, probably to signify him when his turn will come. at last, I can detach my eyes from the book holder to look at the room, which is barely big enough for seven monks, let alone seven monks and five journalists. I’m not sure that it was a good idea to ask to come to their service, I feel like we’re a bunch of ruthless invaders violating their privacy, but finally, the soft orange light on the monks’ faces makes me partially change my mind, after all, our job is to invade privacies to tell our stories. I can only suppose that as long as we do it respectfully, I should be thankful for being there and sharing these precious moments. I don’t take any picture, but I fix the paintings everywhere on the walls, I fix the icons and candles, I fix the melodies and the words of their prayers and most of all, I fix the light on their faces.

                                                                               ****

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