deux fois 34h de bus plus tard, et un coucher de soleil sur le Kalemegdan et lever sur la station de bus, je suis retombée amoureuse de Belgrade, comme ça vite fait en passant, style “tsé qu’tu m’plais bien toi ?”, le temps d’une salade en terrasse et boum, au petit matin à 1500m d’altitude dans une ville minuscule où il n’y a rien à faire, alors on a baragouiné et pu se faire comprendre en serbe, allemand ou anglais, on a parlé à tout ce qui bouge, même les petits vieux encastrés sur leurs bancs, j’ai enrichi mon vocabulaire, avant je savais dire “pivo” (bière) et “hvala” (merci), maintenant, je sais aussi dire “puno” (beaucoup), “dobro” (bon) et “jiveli” (à la tienne). j’ai donc appris à survivre plusieurs mois ici. bon sinon on a rencontré plein plein de gens qui nous ont jamais laissé payé le café, ou plutôt les litres de “turska kaffa” qu’on a bus. on a crapahuté dans les montagnes à presque 2000m où j’ai achevé mes converses, on a failli se faire dévorer par des sarplaninac (les chiens de berger locaux qui ont bouffé du loup) et piquer par des vipères, on a rebu des cafés, je me suis faite draguer et offrir une bague (“j’t’aime bien, on fait quoi ?” “bah rien du tout. ah si, je vais aller me coucher”), on a failli mourir d’ennui le dernier jour dans la ville qui elle, était bel et bien morte, on a serré des mains comme Chirac dans une foire agricole, on a crevé de froid dans notre maison pas chauffée, je me suis faite demander en mariage par un mec bourré à cause de ma descente de pintes de “peya” (la fameuse bière de Peč/Peya), on a découvert les us et coutumes locales, dont la drague traditionnelle et les mariages, on a mangé des “shope salad” démentes, on a fait du stop sur les petites routes et on s’est bien marré. voilà, grosso modo.
ah et on a fait du journalisme aussi, mine de rien, entre deux cafés et trois bières et quelques photos qui bucolent un max.

(on a aussi entendu des musiques pas possibles, eurodance, remixes 90′ de dingue, les Eagles… j’ai essayé de me d?crasser les tympans dans le bus, genre avec Dylan, Immune ou Carp, mais peine perdue, j’ai toujours Wind of Change dans la tête depuis bientôt trois jours. c’est moche.)