Pour ceusses et celles — les bougres — qui ne s’étaient pas rués sur World Sound #5 et notre super-fabulous reportage sur l’Isicathamiya au Jeppe Hostel de Johannesburg, voilà un petit rattrapage en règle.

afrique du sud johannesburg isicathamiya

“Ils piétinent doucement et chantent a capella. Dans les townships et les hostels habités par les travailleurs noirs sud africains, le temps s’est arrêté pour ces choeurs d’hommes. Gants blancs immaculés, chaussures lustrées, costumes trois-pièces, boutons de manchettes rutilants. Tirés à quatre épingles. Ils se tiennent debout en cercle autour de leur “lida”, leur chef.”
La suite par là, sur le site de Youpress.

Allez, en prime, voilà un petit extrait de ce qu’on a entendu là-bas :

Il y a une tonne de trucs bien dans le fait de bosser dans un collectif de journalistes, et dans le mien en particulier, vu qu’on n’arrête pas de planifier des trips un peu partout, et un de ces trucs est d’avoir l’opportunité de bosser vraiment ensemble : rédacteur(s)/photographe. ça me permet d’illustrer des sujet et des articles et outre le fait que ça fait quelques menue monnaie, c’est une bonne expérience et ça fait des publis.
Le bémol de faire de la photo d’illustration et d’avoir des moyens très limités donc de devoir rentabiliser, c’est que ça donne rarement des reportages vraiment complets. Je veux dire vraiment. Les photos peuvent être supaires et youpi, ça change pas le fond du problème : j’ai des petits reportages, des petites histoires qui s’accumulent. Une sur Central Church à Johannesburg, et puis une sur une ONG qui soutient les malades du SIDA dans un des quartiers les plus craignos de Soweto, et puis une sur les Goranis au Kosovo (bon là c’est juste que tout le monde s’en fout des problèmes du Kosovo), et puis une sur l’Isicathamiya dans les hostels de Joburg, et puis une sur les traditions vaudou au Bénin (bon là c’est parce que c’était spé comme conditions). Et au final je ne sais pas quoi en faire de toutes ces images. C’est trop ci, c’est pas assez ça, c’est le bordel.

Je me suis dit que j’allais aller démarcher Sipa, comme ça, book sous le bras. Et puis un photographe que j’ai rencontré m’a parlé de ses hésitations à signer avec eux, au vu de leur pourcentage. J’ai pensé à Eyedea/Gamma et puis j’ai comme l’impression que c’est moyen le moment. J’ai pensé à Vu, VII et Magnum mais je ne voudrais pas entrer dans un club qui accepterait quelqu’un comme moi comme membre (bon non c’est pas vrai mais merci Groucho quand même). Je suis tombée sur les sites de plein d’autres agences, françaises ou internationales et au moment de prendre mon courage à trois mains, t’avais une des petites voix dans ma tête qui me disait que ouais bon, j’étais bien mignonne mais qu’avec mes petits reportages, j’allais pas aller loin.
Bref, à quel saint se vouer, gné ? Quand on est une photojournaliste qui débute dans ce monde là (oué ok, ça fait 5 ans que je suis publiée, mais tout juste 18 mois que je commence à faire autre chose que de la musique) et qui aimerait quand m?me que ses bonnes photos arrêtent de roupiller ?

Je suis allée voir du côté de CitizenSide et j’ai pas du tout eu envie, parce que je me considère un tout petit peu comme pro. Et que même si certaines photos sont reprises par l’AFP, ça me gaverait d’être considérée comme amateur. C’est pas pour dire du mal des amateurs hein. Et puis p’tet bien que mes images valent mieux que ça.

Donc je teste Demotix. Ayé, vous pouvez gueuler que je dis du mal de Citizenside pour aller sur Demotix, qui est au fond, basé sur le même principe. A quelques différences majeures près.
– Citizenside se définit comme une agence d’amateurs, Demotix est aussi tourné vers les jeunes ou moins jeunes pros. Et les amateurs of course.
– Perso, je trouve que Demotix encourage plus la qualité et justement, l’histoire, pas que les one shots et considère aussi que les photographes qui postent savent faire des photos.
– Il y a franchement des belles photos sur Demotix, sur citizenside, moué…
– La qualité j’y reviens, et une certaine exigence de professionnalisme me semblent plus présentes sur Demotix mais bon… je me fais ptet des idées.
– le site. Franchement, je trouve celui de Demotix super bien foutu et bien présenté par rapport à l’autre.
– En fait, je mens, je suis allée voir Citizenside après être tombée sur Demotix, pour voir.

Bref, là je teste. Je ne sais absolument pas si c’est intelligent ou pas, si c’est valorisant ou pas, si ça va faire un peu de visibilité sur mon travail ou pas, si ça va me permettre de vendre des images ou pas.
Déjà dans les points positifs, on peut choisir si les images sont exclusives ou non exclusives (sur citizenside, c’est 3 mois d’exclu obligatoires). Le corollaire négatif en découlant est que j’ai beau chercher une case à cocher, nenni !
Dans les points positifs : il faut être précis et factuel dans la description du reportage. Point négatif : on ne peut pas légender les images une par une ou importer des IPTC. C’est p’tet prévu, j’ai envoyé un mail.
Point positif : le reportage est validé (ou pas), donc c’est pas non plus la fête du slip, théoriquement. Point négatif : on ne peut pas ajouter d’images à un reportage validé, arf.
Point positif : une demi-heure après avoir été validé, mon reportage est en home. Pas mal.

Je pense que je vais encore en mettre deux ou trois d’ici une semaine et puis si c’est la gloire et la fortune, je vous tiens au courant. Si c’est le bronx, je vous tiens au courant aussi.
Reste à savoir s’il vaut mieux avoir l’impression que ses photos sont chouettes parce que dans une agence plus amateur, ou l’impression que ses photos sont juste ok parce que dans une agence de photographes super balèzes. Ben j’en sais rien non plus, je suis pas toute seule dans ma tête en ce moment.


M.I.A. – Paper Planes

*bon après ça et le post sur Tuer le père, j’ai plus qu’à inclure le fils quelque part ou un truc comme ça.

Tiens, pour une fois au lieu de me plaindre, de lire des articles super pessimistes sur le Monde.fr ou de dire du mal d’HCB, on va aller voir ce qui se fait de mieux en photo documentaire sur internet. Oh pas du multimédia comme d’hab, plutôt des sites super variés qui montrent qu’il y a des tonnes d’histoires à raconter, de tonnes de façons différentes et qui donnent envie de s’y coller.

Gaia-photo : C’est un blog photo, à plusieurs mains et un tas d’yeux. Chacun peut proposer des reportages mais la sélection est (assez) draconienne, les reportages sont donc de haute tenue. évidemment, le site ne rémunère rien, mais c’est une belle plateforme d’exposition.

7.7 : Mag en ligne espagnol qui sort des sentiers battus de la photo d’agence. Leur manifeste ? “We don’t care about the photo. We care even less about a photographic project. We care about the stories. And the way of looking at things.”

Burn magazine : lancé David Alan Harvey de Magnum, rien que ça, Burn se veut une plateforme pour photographes émergents. Chacun peut soumettre soit une image seule, soit un essai (qui peut aussi être multimédia). Chaque année, le site offre une bourse de 10000$ à un photographe émergent pour un travail présenté. ça le fait non ? Bon sinon, il y a de toute façon assez d’archives pour s’en prendre plein les yeux.

Verve Photo : Superbe blog photo, pas d’essais complets, mais une photo tous les 2-3 jours, avec le contexte et présentation du photographe. Plein de liens aussi vers les sites des photographes contributeurs, vers des agences, collectifs ou juste sites bien à voir.

Daylight Magazine : Je ne devrais pas le poster ici, vu que c’est principalement un magnifique mag papier. Et je ne devrais pas le poster non plus, parce leurs reportages en ligne sont du multimédia. Mais bon, je le poste quand même.

Lunatic Mag : Mag bi-annuel plein de reportages très variés, créé par Karl Blanchet, membre du collectif Luna. Classe et intéressant.

Blue Eyes Mag : Mag en ligne créé en 2003, son but est de publier du photojournalisme libre et personnel, non publié auparavant. Tout le monde peut soumettre son travail, il n’y a pas de thème donné.

100eyes.org : mag de photojournalisme thématique. Cette fois-ci, c’est le bangladesh. Les reportages présentés sont exceptionnels.

Lens Culture : mag de photo contemporaine, donc pas uniquement documentaire. Et il y a un concours annuel avec plusieurs catégories et des prix en cash. Cette année, la deadline est au 15 septembre.

The 37th Frame : Compile les meilleurs essais et photos publiées sur internet ou dans la presse mag, en offrant un lien vers le site source. Toujours bien pour découvrir de nouveaux reportages.

Chambre Noire : aaaah enfin un site français présenté comme un mag avec de très belles photos. En fait, c’est le site de la coopérative de photographes Chambre Noire et pas un mag. Bon, on va donc faire une exception, parce qu’à part l’oeil du viseur et son concept particulier, des mags français il n’y en a pas des masses. (sinon faudrait que je rajoute tous les collectifs et leurs sites et c’est pas l’objet de ce post)

L’Oeil du Viseur : Bon, L’oeil du viseur justement, pas vraiment un mag mais un projet sur un mois qui présentait des photos racontées par leur auteur. Super intéressant, dommage que ça n’ait duré (pour l’instant ?) qu’un mois.

Vewd : Encore un superbe mag qui met en valeur des travaux peu ou pas publiés auparavant. Fait notoire, les photographes contributeurs reçoivent une partie des recettes publicitaires si leur travail est publié.

Social Documentary : Au moins, le nom annonce la couleur : le site présente des reportages engagés. Chacun peut se créer une galerie et montrer ses travaux, ces mini-sites sont approuvés avant d’être mis en ligne mais la communauté semble plus ouverte que d’autres mags très selects. ça n’empêche que les galeries sont de très belle qualité.

SoPhot : Site français de photo sociale et d’environnement. Vraiment belles galeries (même si les photos sont un peu petites, gné) et ouvert aux contributions.

Enter (Worldpress photo) : Le mag du WorldPress, avec galeries et accès aux archives. Dommage que les photos présentées soient si petites.

Deep Sleep Magazine : Très beau mag trimestriel qui sort en numéros thématiques. On sort du photojournalisme pur pour aller sur des chemins de traverse plus conceptuels ou artistiques, mais il y a de très bonnes histoires. Chacun peut soumettre une contribution sur le thème du prochain numéro, d’ailleurs, les éditeurs encouragent non pas d’envoyer des vieilles photos qui pourraient correspondre, mais de se servir des thèmes pour créer du nouveau. évidemment, c’est pas payé mais ça doit faire des points d’XP ou de karma ou un truc comme ça.

F Stop Mag : Bi-mensuel de photographie contemporaine, chaque numéro a un thème donné. Varié et super intéressant.

ReVue : Webzine français de photo documentaire. Bon, les reportages présentés en “Cartes Blanches” ne marchent pas chez moi. C’est pas de chance.

Flak Photo : mag de photo contemporaine plus que de photojournalisme. Mais très intéressant (je sais pas pourquoi je précise ça vu que si c’était pas intéressant, je ne le posterais pas ici, bref)

Seesaw Mag : Trimestriel thématique créé en 2004. Là aussi, c’est plus de la photo contemporaine que du journalisme. Belles séries également.

Plateform Mag : on s’éloigne toujours de la photo documentaire mais au point où j’en suis…

Purpose Mag : allez, un dernier qui n’est pas de la photo documentaire, mais qui s’intéresse à des thématiques actuelles.

American-journal.org : Focalisé sur les Etats-Unis. Encore peu d’updates et de photos mais il faudra voir la suite…

Photo Betty : Pas mis à jour depuis 2007 on dirait bien. Mais les archives présentent de bons reportages faits par des femmes ou sur des thèmes féminins.

[EDIT] Tiens, on va en ajouter d’autres :

Bite! Magazine : Créé par les anciens de The Black Snapper, mais sur le même concept : diaporamas et note d’intention du photographe. Thèmes très variés, superbes images.

Rapporteurs Photo : blog tenu par deux photographes, qui présentent des photographes et leurs travaux, au gré de leurs trouvailles sur le net.

The Travel Photographer : Blog perso du photographe Tewfic El-Sawi, qui met pas mal en avant des travaux d’autres photographes sur l’Inde et l’Asie.

PrivatePhotojournalism : Et oué, Private n’est pas qu’une superbe revue thématique, ce sont aussi des diaporamas sur leur site.

Foto8 : je ne sais pas pourquoi je n’ai pas parlé de Foto8 plus tôt, vu que leur site est une mine de diaporamas.

VII The Magazine : Le magazine en ligne de l’agence VII, bien fichu et évidemment, photos au top.

Photojournalismlinks : et enfin, le bien nommé Photojournalism Links, qui comme son nom l’indique, poste des liens tous les jours : essais, interviews, sites de photographes, infos etc.

Marrant quand m?me de voir que les webzines français sont plus tournés vers la photo contemporaine/artistique, alors qu’on trouve plein de mags/sites de reportages anglo-saxons. Alors que des webzines français pour parler bites matos, y’en a un tas. En même temps, peut-être que c’est moi qui n’ai pas su trouver de webzines français de reportages.
Si vous avez des ajouts/idées, n’hésitez pas !

Quand même… L’année 2009 est bien pourrie sous plein d’aspects, surtout la 2e moitié là.
Mais… je reboucle mon sac pour mon 4e reportage à l’étranger de l’année. Toujours les trucs qui chargent dans tous les coins. Toujours le matos sur le lit en attente d’être emballé. Toujours le chat qui fait l’andouille. Toujours le passeport et le billet d’avion bien rangés. Toujours un paquet de granolas à portée de main.
L’année 2009 est bien pourrie sous plein d’aspects, surtout la 2e moitié. Mais bon, j’ai quand même bien de la chance. Surtout que c’est Montréal et que ça me fait vraiment plaisir d’avoir l’occas’ d’y retourner.

“Ne pas avoir de chance pour un photographe, c’est une faute professionnelle.”
Je sais, ça me fait une belle jambe à moi aussi.

Bon, c’est indéniable, l’avantage avec la cessation de paiement et redressement judiciaire d’Eyedea Presse (dont Gamma), c’est qu’on parle un peu de photojournalisme et même pas pendant Visa pour l’Image. évidemment, c’est aussi un bon prétexte pour être nostalgique, sortez flonflons zet mouchoirs et allons-y pour ENCORE une rétrospective ou des articles où on va ENCORE parler des mêmes photos célèbres, archi-revues, des mêmes photographes qui ont fait l’histoire ou je sais pas quoi. Alors que je sais pas si vous avez remarqué, mais les photographes salariés de Gamma qui se retrouvent à moitié sur le carreau, on connait pas beaucoup leurs noms. Ils disent juste “14 photographes salariés”. hop voilà, emballez c’est pesé. Oh le Figaro a bien fait un mini diaporama de 5 photos “gracieusement” offertes par le photographe. Ben voyons. ça a p’tet pas dû lui suffir que Gamma fonde les plombs, y’en a qui sont maso quand même.
Enfin…
Peut-être que ça veut juste dire qu’il est grand temps de tuer le père. Parce que par exemple, aux états-unis, ils ont Mediastorm, ils ont le NY Times qui investit dans du contenu original. En Angleterre, ils ont Demotix qui essaie un truc avec une philosophie intéressante. Ils essaient des trucs quoi.
Nous là on a quoi ? Le fig qui se fait offrir des photos et une éééénième expo Cartier-Bresson. Je rigole pas. C’est au Musée d’Art Moderne en ce moment à Paris. On dirait qu’en France on n’est bon qu’à se regarder le nombril avec nos bôôôs photographes qui “sont rentrés dans l’histoire”, voire carrément à se palucher devant Cartier-Bresson, alors que, comme d’hab, la presse paie que dalle pour produire des bons reportages. Mais arrêtez de nous saouler avec HCB quoi ! On sait, c’est “l’oeil du siècle” (sic), on sait qu’on est tous borgnes, mais merde à la fin.
Je vais faire une confidence lèse-majesté, j’ai jamais aimé HCB et ses photos. ça m’a jamais touché. peut-être parce qu’il visait un genre de perfection, ô mythe de “l’instant décisif” et que ça m’a toujours paru froid, un peu clinique. Et puis le mythe du grantomme, révéré, adulé, ça me gave. C’est chiant. Moi je préfère un Depardon, qui met ses tripes sur la table. Qui fait des bouquins style Errance, qui avoue ses failles et qui avance avec. Je préfère le photojournalisme actuel, largement. Qui raconte juste des histoires et ne prend pas les lecteurs de haut.
Alors quand on en aura fini avec les rétrospectives à la con du best of des meilleures photos d’HCB qui n’ont été exposées que 591 fois et publiées 39574 fois, on pourra p’tet avancer !

Oh j’exagère un chouille, après tout, on a bien l’oeil Public ou Tendance Floue pour relever un peu tout ça. N’empêche. L’hypocrisie de la presse finit par faire mal. Comme à Visa pour l’Image où tout le monde s’extasie dans la presse sur le bien beau photojournalisme actuel (très bien, je suis pour) alors que le reste de l’année, on envoie les journalistes qui ont du talent et de bonnes idées, non pas sur le terrain les réaliser, mais en gros, se faire foutre. Et on les paie au lance-pierre aussi, tant qu’à faire. Faudrait pas qu’ils puissent vivre de leurs photos, comme par exemple, ooooh incroyable, dans les années 70 dont tout le monde est tellement nostalgique.
Et le PDG d’Eyedea d’en rajouter une couche dans Lib? “On a tué le photojournalisme français en obligeant les agences à salarier les pigistes” Faudra demander au fantôme de Françoise Demulder ce qu’elle en pense, elle qui est morte d’un cancer dans la misère parce que son agence lui avait jamais fourni de couverture sociale. On peut bien s’extasier sur le fait qu’elle ait été la première femme à avoir un WorldPress, ça doit lui faire une drôle de belle jambe là où elle est. Donc en gros, s’ils avaient été bien précaires comme les petits copains, c’est sûr que ça aurait été vachement mieux.
Pas sûr que le photojournalisme s’en serait mieux porté hein, mais après tout, qui s’en soucie encore vraiment ?
Allez, achevons le père et allons-y, on a juste notre futur à inventer.