New York City

New York, je me rappelais le plafond de Grand Central, mais faut dire que j’avais la tête dans les étoiles de toute façon. New York, j’avais tes deux lions collés aux paupières quand je fermais les yeux, et aussi Battery Park, Brooklyn Bridge et un sieste à Central Park. C’est ta faute New York si j’avais plus le plus important en tête. New York, j’étais même plus sûre que je t’aimais. Oh je savais bien que je te retrouverais avec plaisir. Mais t’aimer ? M’asseoir sur un banc et t’écouter vrombir, et aimer ça ? Mais tu te prenais pour qui, d’abord ? J’ai eu le coeur brisé dans tes rues, j’te signale. New York, tu ne sais pas qu’on ne se remet jamais de son premier amour ?
Non je rigole, bien sûr qu’on s’en remet. Tout comme je me suis remise de toi. C’est juste que je trouve ça drôle de revenir te voir, New York. Et le plus drôle est de ne pas avoir de plan pour ces quelques jours et de tout improviser. Comme si ça pouvait t’impressionner. Mais tu vois New York, je n’ai cette fois pas d’autre idée que de me perdre et de te regarder vivre, de jour, de nuit, et de rencontrer ou de photographier des inconnus. Je n’ai rien préparé, je n’ai pas d’impératifs. Je suis une mauvaise touriste, que veux-tu…
Allez va, fais pas la gueule New York, je fais mon ingrate mais je t’aime quand même. J’aime tes briques rouges, j’aime tes taxis jaunes, j’aime tes clichés à la con. J’aime tes rues et les sourires de tes habitants, j’aime Big Nick’s en bas de là où je crêche, j’aime ton métro, j’aime tes parcs et j’aime tes plages.
New York, qu’y puis-je si tu donnes envie de s’engouffrer dans un de tes taxis pour remonter Broadway jusqu’à la 72e ? Si tes téléphones semblent fait pour le son de mes coins, lorsque j’appellerai n’importe quel numéro et laisserai un message avant de récupérer ma monnaie ? New York, je n’ai même pas de musique pour mes déambulations, la prise jack de mon baladeur est foutue, comme ça, je t’écoute et j’attrape au vol des nuées de bribes de conversations. Mais puisque sans musique, c’est moins marrant, je te laisse avec une Love Song.

J’aimerais bien que tu m’invites à rester quelques temps, New York, mais ça n’arrivera pas, alors on se reverra comme ça, entre deux reportages, on sera city fuck buddy, ça m’ira bien. Ouep, je crois que ça m’ira bien.

Et avec ça, à cavaler dans tous les sens, à brainstormer, photographier, écrire des pages pendant bien 15 jours, ben j’ai même pas eu le temps de faire mon traditionnel post pré-départ, plein de batteries qui chargent et de “gnééé, quels appareils et quels films j’emporte ?”.
La vie, c’est plus ce que c’était, allez-y, jetez-moi des poneys.

Ah oui, parce que je pars à Montréal. Un mois. Pour du boulot. Et des bières en terrasse. Et du jazz. Et même une tranche de New York dedans. Et des rédacs chef qui pourraient me rappeler quand même non ? Et un service photo que je croise tellement les doigts pour qu’ils me recontactent que je risque de faire des photos avec les pieds, ce qui ne va probablement pas arranger mes affaires, quand même, quand on y pense (mais j’essaie de pas trop y penser).
Un peu comme la grève générale le jour du départ et mes plans canapés qui m’échappent un peu.

Ce trip, c’est un peu le bordel. ça au moins, c’est une habitude qui se perd pas. ça doit être rassurant ou un truc du genre.

Faudra un jour que je trouve le moyen de te dire merci de m’avoir conseillé de lire Kapuscinski, comme ça avant l’interview. Parce que vraiment. Mais vraiment.


Baaba Maal – Yero Mama

Il y avait la lenteur et le son, étouffé, bancal de l’ouverture, un truc infiniment apaisant qui descendait dans la pièce, et je n’ai jamais pu depuis m’empêcher de l’associer avec les crépitements du feu dans la grande cheminée, les fauteuils à carreaux rouges et blancs, le vent dehors, les phrases qui se font plus lentes, les voix plus basses. C’était un disque de fin de soirée. Et puis il y avait Gold Day, juste après, juste assez d’énergie pour ne pas s’enfoncer dans la torpeur ambiante, et tout est calme, et tout est beau.

Et quand It’s a Wonderful Life s’arrêtait, trop vite, souvent à la suite, il y avait Dreamt For Light Years, c’était la suite logique.
C’était la bande-son d’une autre époque, ni pire ni meilleure, juste différente. La terre aurait pu s’arrêter de tourner là, avec le feu qui s’éteignait tout doucement dans la grande cheminée et le vent dehors, les voix et les rires, mais tant que la musique enveloppait la pièce, ça n’avait pas d’importance, et tout était calme, et tout était beau.

sparklehorse cigale

Sparklehorse – La cigale, octobre 2006


Sparklehorse – Gold Day

keep all your crows away
hold skinny wolves at bay
in silver piles of smiles
may all your days be gold my child

bénin
Quelque part, à un moment donné, au Bénin.

Bon ben voilà, si t’aimes le noir et blanc, si t’aimes le contraste, si t’aimes les avions et les aéroports, si t’as la bougeotte et les jambes qui fourmillent, viens donc faire un tour dans mes carnets de route. Par , voilà.

Si t’aimes pas le noir et blanc, je t’avoue que c’est quand même un tout petit peu embêtant. Mais enfin, c’est toi qui vois.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui mais ça vaut drôlement le coup.

Ah oui non, c’est pas tout. Pendant que j’étais pas ici à bavasser, j’ai quand même retrouvé le nom du journaliste que je cherchais. C’était même une drôle de bonne nouvelle jusqu’à il y a 3-4 jours. On m’en avait parlé en interview et j’étais toute contente en me disant chouette, ça va peut-être bien me plaire, je vais aller m’acheter ses bouquins. Joie de fort courte durée, vu que j’avais bêtement oublié de noter son nom. Qu’il a à coucher dehors pour ne rien arranger. Donc au début, j’ai cherché, j’ai même essayé de redemander. Et puis j’ai zappé, la vie que veux-tu. J’y ai repensé, et puis j’ai pas re-recherché. Il y a genre deux semaines, au détour d’un forum, je tombe sur son nom, je me renseigne, je le note, vu qu’il faudrait être un peu moi pour faire deux fois la même connerie. Bon alors le journaliste en question, c’est juste Ryszard Kapuscinski. Donc un des journalistes les plus mondialement connus au niveau mythique de réputation en béton et que tout le monde connait et a lu, sauf moi, bougre d’inculte. J’achète donc Ebène à la librairie en bas de chez moi, contente comme tout, contente comme avant quand je savais pas que j’avais pas noté son nom dans mon carnet, contente comme quand tu vas rencontrer un mythe, contente comme quand je m’achète un nouveau bouquin de Depardon. Un peu comme ça. Et là il y a quelques jours, j’apprends qu’un biographe égratigne un brin le grantomme, qui se serait légèrement oublié, et parfois un poil éloigné de la vérité. Mon tout nouveau mythe en cours d’adoption est un peu cassé, du coup. ça l’aurait pas fait chier d’attendre que je lise ses bouquins avant de sortir ça, hein ? Biographe de mes deux.
Bon je vais lire Ebène quand même hein, ça a l’air vachement bien. Le reste on s’en fout.

Tout ça pour dire que, premièrement, il faut toujours noter les trucs dans son petit carnet et deuxièmement, je sais plus, il est tard.