onze heures et demi lorsque j’ouvre enfin la porte de chez moi. je pose mon sac qui p?se un ?ne b?t? mort et je souffle un poil.
J. arrive finalement ? cinq heures et demi et je r?le contre moi-m?me int?rieurement parce que j’aurais largement eu le temps d’aller chercher mes photos sur les mains et ? reculons tous comptes faits. pas si grave finalement. on plonge dans le m?tro avec un ventilo et un cabas direction chatelet puis RER A jusqu’? Nanterre. J. est speed, un peu stress?e, elle a un boulot de dingue jusqu’? la fin de la semaine. moi, de mon cot?, ?a va bien, une certaine habitude des photos de spectacles me permet d’?tre un chou?a relax. et puis, j’?vite d’ajouter ? son stress avec vingt mille questions.
on se raconte nos life. je lui dit que j’ai envoy? une s?rie de mails plus ou moins interess?s aujourd’hui. J. rigole : mais c’est bien de montrer que t’es interess?e !
bon, vu comme ?a, c’est vrai que c’est plut?t une bonne chose.
six heures et quart, arriv?e devant la prefecture de nanterre avec armes et bagages, J. explique patiemment que je suis son assistante/photographe et que j’ai pu venir au dernier moment, d’o? mon absence de badge. vingt kadors ? oreillettes sont ? l’entr?e, mais pas un ne me demande mon nom, ni ne fouille mon sac, ni m?me ne me fait passer sous les portillons. ? croire qu’ils ne fouillent que les pecs qui assistent ? la soir?e. risible.
un type entre deux ?ge nous guide dans le d?dale de couloirs et d’escaliers et soupire : aah la vie d’artiste. on sourit. il continue, au moins vous faites ce que vous aimez. j’ai presque envie de l’embrasser, l? tout de suite pour ces remarques. je me sens dans mon ?l?ment, m?me si je ne connais pas les autres membres de la petite tribu de J.

on finit par arriver, accueillies avec moult sourires par Y., un grand beau costaud qui dessine des petits bonhommes pour disney le jour et se transforme en drag-queen sulfureuse la nuit. saisissant. torse nu, il commence assez vite ? se maquiller pendant que J. d?balle sa roulotte. les deux autres, O. et R. arrivent peu apr?s, il est six heures et demi.
tout de suite, c’est papotage, maquillage, tu me pr?te ta ceinture ? clous ? o? ai-je mis ma deuxi?me jupe ? ooh, ces paillettes, c’est mortel, je peux ?
et en l’espace de moins de deux heures, je les vois se m?tamorphoser sous mes yeux. j’adore ce c?t? coulisses, et ne peux cesser de m’emerveiller en m?me temps. leur show est un play-back de reprise rocks arrang?es en un medley de 8 minutes. deux heures de pr?parations en coulise, sans compter les r?p?titions pour huit minutes. l’hallu.
je vide ma carte m?moire en deux minutes, et J. me demande de s?parer des millions de gros confettis ronds pour les mettre dans une pani?re. combien en veux-tu ? le plus possible. bien.
vers huit heures moins le quart, un type arrive et leur pr?cise que c’est pour bientot, on a faim, et je peux voir le trac monter dans la pi?ce comme une vapeur pas si toxique que ?a finalement. je voudrais bien aller voir un peu la sc?ne, go?ter les lumi?res, sentir l’ambiance, mais le d?dale de couloirs me rebute un peu et je sens qu’il faut que je reste avec eux, histoire qu’ils n’aient pas ? se soucier de moi. alors discr?tement, je les prends en photo sans bouger pendant la fin de leur pr?paratifs. je sais qu’ils seront ravis d’avoir des images des coulisses, et je laisse le plaisir de la d?couverte me guider.

huit heures quinze, en sc?ne. la foule de secr?taire brid?es par des petits chefs fonctionnaire rances a choisi des reprises des stones pour leur l?chage annuel, je me marre, mais elle se montre compl?tement receptive au show tragicomique glam-punk-rock des “children of the revolution”, ce qui ajoute ? l’ambiance assez electrique de jets d’etincelles de J.
huit minutes, 37 photos argentiques, et une trentaine de num?riques, parce que franchement, ils assurent.

huit heures et demi, retour aux loges. un message de A., de toute fa?on, j’avais bien compris que c’?tait mort pour sebastien tellier ce soir, donc pas de quoi fouetter un chat.
on repart aussitot se mettre quelque chose sous la dent au buffet des artistes. saumon, foie gras, petit toasts super ?labor?s mais pas bien bons, champagne, aaah la vie d’artiste ! :D
toute excit?e par poussinette, J. veut voir quelques photos, je n’aime pas vraiment les lui montrer tout de suite, sur un pauvre ?cran lcd et sans boulot derri?re, mais tant pis, va pour cette fois mais n’y reviens pas. elle voit les images et rigole apr?s avoir laiss? ?chapper quelques wow, celle l? elle a l’air terrible. on a beau dire, ?a fait plaisir.
retour aux loges. J. me parle de la revue cabaret qu’elle a mont? pour l’asian vendredi soir. elle adorerait que je sois l? pour prendre des photos, roule ma poule, je vais essayer de me lib?rer ? temps.

les autres finissent par arriver pour se d?maquiller et se changer. J. veut qu’ils voient les images. ouais, bon, c’est juste un ?cran lcd les enfants, ne vous emballez pas. peine perdue, ils sont compl?tement emball?s.
Y. s’exclame : mais tu leur fais quoi ? tes assistantes, J., elles sont super !
je rigole.
Y. continue : non non, ne me dis pas finalement !
?clats de rires, le stress est retomb? et ils sont au final contents de leur perf.
dix heures quarante, on finit par d?coller.

onze heures et demi lorsque j’ouvre enfin la porte de chez moi. je pose mon sac qui p?se un ?ne b?t? mort et je souffle un poil.

[edit : en fait, le pr?nom d’Y. commence par J, mais je laisse Y. parce que c’est comme ?a que ?a se prononce, et puis, avec deux J. on n’en sort plus ;) ]

bon, j’ai fini quelques mails bien utiles, c’est fou ce que ?a prend du temps de trouver ses mots pour prendre/reprendre contact, relancer les gens sans faire sa lourdingue m?me je suis sinc?rement gentille en reprenant des nouvelles. tout de suite, ?a fait interess?e.
genre un pote de fac que je n’ai pas vu depuis des lustres et qui a un dvd et des douzaines de vid?os ? moi. ou ce journaliste qui m’avait parl? il y des mois d’un truc pour son canard et dont la nana qui s’en occupe chercherait un regard de fille pour faire les photos. ils aimaient mon boulot ? l’?poque, pas de raison que ?a ait chang?. mail ? un cousin aussi histoire de reprendre contact et se raconter nos vies depuis environ vingt ans, c’est fou ce que ?a se perd vite le contact avec sa famille, surtout s’il n’a jamais vraiment plus exist? que ?a. mais franchement, ?a me ferait super plaisir de le revoir.
il m’en reste une bonne demi douzaine ? ?crire, genre ? un mec d’universal que je connais pour avoir le mail d’un pote d’enfance qui est maintenant DA junior l?-bas et que j’avais retrouv? au Rock en Seine, genre ? un autre cousin pour des photos de mariages (ack ! oui, je sais !).
si je pars maintenant, je peux ?tre ? cinq heures p?tantes rue lafayette pour r?cup?rer mes photos, c’est jouable.

texto de J. re?u trois heures apr?s la bataille, c’est malin. rdv ? cinq heures ? goncourt pour partir faire des photos. ben je suis pas dans la merde, j’ai pas encore le don d’ubiquit?. enfin, je vais aller faire des photos ce soir durant une des ses performances de 8 min ? la prefecture de nanterre, la classe. mouais. c’est pour rendre service, et puis, je suis d?fray?e, et ?a, c’est le pied.
je fais le compte des sous qui doivent rentrer dans les caisses prochainement : pr?s de 65 euros. et ce n’est que du defraiment brut. la vache. dire que ces photos pourraient ?tre vendues pour un vrai bon prix. je suis decidemment une bonne poire, mais ?a va s’arreter tr?s prochainement.
note to self : penser ? relancer mes potes de taf qui veulent des books. 120 euros pour 10 photos. on a vu pire comme tarif !
note to self : prendre des renseignements pour des notes de cession de droits d’auteur. ?a urge.

cinq heures moins le quart. je pr?pare mon sac. et je commence ? avoir faim, c’est bien le moment !!
je n’ai pas t?l?phon? ? la CAF pour voir o? en est mon dossier, 6 mois que je n’ai plus d’apl. je ne suis pas all?e chercher des chocolats pour une de mes chefs ? la suite d’un pari stupide que j’ai perdu, bien entendu. je n’ai pas fait les photocopies de mes bulletins de salaire pour mon p?re, histoire qu’il calcule si je vais payer des imp?ts cette ann?e. il m’a dit : le plus tot tu vas payer des impots, et le plus tu vas en payer, le mieux je m’en porterai. au moins, sur ce point, on est d’accord. je n’ai pas non plus envoy? de mails ? R. et K. pour voir comment ils vont. ?a va finir en tourn?e de textos ?a, je sens. et bien s?r, je n’ai pas vid? ma carte m?moire en entier sur mon ordi. je n’ai pas ?crit ma lettre de demande de cong? sans solde, je n’ai pas non plus ?crit ? T., V. et C. ni r?pondu au texto de B.
il y a des jours o? on ouvre les yeux sur tout ce qu’on n’a pas fait depuis des semaines, mois ou ann?es. c’est chiant, mais ?a vaut mieux que de continuer ? procrastiner….

cinq heures moins dix, texto de J. qui est ? la bourre. je r?ve d’?tre superwoman pour aller chercher mes photos en cinq sec et revenir aussitot !
ou alors, je vais me trouver un labo ? cinq minutes de chez moi. hmmm…j’ai une petite id?e du labo que je vais aller prospecter…ce sera pour demain. comme tout ce que je n’ai pas pu faire aujourd’hui, comme d’habitude.

cinq heures trois, je file. ? tout ? l’heure.

il est deux heures vingt deux ? l’horloge de mon ordi et la journ?e vient ? peine de commencer. ne me regardez pas comme ?a avec des gros yeux, cette grasse mat’ n’?tait ni planifi?e ni m?me souhait?e, mais comme j’ai encore eu des insomnies la nuit derni?re, je pense que mon organisme a voulu r?cup?rer un peu. ceci dit, c’est un probl?me sans fin si je me l?ve tard, je ne vais pas ?tre fatigu?e avant trois heures du mat’ et donc, je vais dormir tard, me lever tard et on n’en sort plus. donc je pense que je vais essayer de passer quelques jours en immersion zombie, lever tot et dodo quand je peux.

bon, grasse mat’ , ok, mais je suis op?rationnelle quand m?me, douch?e, habill?e, propre, on pourrait m’appeler d’urgence pour des photos de sarah bettens que je serais toute pr?te avec m?me, luxe supr?me, assez de films dans mon frigo pour photographier un r?giment. oui, c’est stupide comme comparaison d?sol?e, je n’en suis qu’? ma premi?re tasse de caf?.
note to self : arr?ter le caf? apr?s trois heures de l’aprem. comme ?a, c’est dit.
bref, c’?tait une foutue grasse mat’, parce que j’avais plein ? faire aujourd’hui. mails, coups de fils, messages, coups de fils ? attendre, trucs ? aller chercher, principalement des films, etc…

il est donc deux heures et demi et je vais me mettre au boulot, un caf? dans une main, une tartine de nutella dans l’autre, m?me si je n’ai absolument pas faim. faut se forcer un peu aussi, sinon, je vais finir par rayer les baignoire.
je me concocte une bonne playlist avant de commencer. que vais-je mettre dans mon shaker aujourd’hui ?
une dose de pop-h?lium = pop light et atmosph?rique : the high Llamas, ben’s symphonic orchestra, alfie
une dose de folk-m?lo : Iron & wine
une dose de pop-vitamin?e : kent
une dose de pop-bubblegum : belle & sebastian
une dose de pop-sixitis?e : the thrills, the shins (aaah, “saint simon” et ses choeurs soooo too much !)
une dose de folk-aquatique : jack johnson
et une dose de pop-tout-court : ben & jason, it’s jo & danny
?a fait beaucoup de pop pour une seule playlist, mais c’est dans mon air du temps, et puis, j’ai r?alis? une exp?rience scientifique qui s’est av?r?e totalement concluante : oui, ma carte perso me donne 20% AUSSI sur les cds d’occas’ de la fnac italiens. je suis s?re que c’est une faille dans le syst?me, mais ils n’avaient qu’? mieux faire leur job. ma CB en a g?mi lamentablement, mais le gentil caissier l’a faite taire aussi sec. bien fait pour elle. et puis, mon horoscope d’hier disait “plaie d’argent n’est pas mortelle, prenez soin de vos amis et de vos proches. ce n’est pas si grave”. donc bon, l’horoscope de 20minutes est une valeur s?re, s’pas ?

un petit tour par mes blogs pr?f?r?s. j’ai post? quelques photos sur Musique hier soir, pour voir si j’y arrivais. op?ration concluante elle aussi. j’esp?re juste que JM, mon tout premier r?dac chef n’en prendra pas ombrage, mais c’est juste un blog apr?s tout.
je checke aussi mes mails par la m?me occasion.
un de KB, ma prof d’anglais de fac, qui avait propos? ? un nombre tr?s r?duit d’?tudiants une rencontre avec l’ing? son de polanski et leone entre autres, invitation que j’avais d?clin? parce que je sais que d’autres ?tudiants en feraient un meilleur usage que moi. sa r?ponse toute gentille me dit qu’elle est ravie que je continue la photo. cette prof, vraiment, je crois que c’?tait la meilleure de ma scolarit? toute enti?re. le fait qu’elle soit am?ricaine et ?crivain aussi n’entre absolument en ligne de compte, merci.
?a me fait penser que je n’ai pas de nouvelles d’A., ce qui m’agace terriblement puisque je lui ai demand? de me rappeler au plus vite hier, et puis pas de nouvelles de S. non plus, ce qui m’agace nettement moins, puisque c’est un choix de ma part, ?tant arriv?e ? la conclusion qu’on ne peut pas dire qu’on veut des relations qui soient tout ou rien en se contentant d’? peu pr?s parce que c’est d?j? ?a. et ben non. le rien m’attriste, mais le tout ?tant inexistant, rien est donc mieux que tout.

ce qui clot ce post de pens?es d?brid?es pour l’instant, il est temps de faire des trucs utiles. ? tout ? l’heure.

i’m sitting in my usual director’s chair that has my grandmother’s surname on it. i don’t have to turn my head around to see her picture hanging on this – otherwise bare – wall.
the photograph is black and white, with the ageing marks i’m trying to fake on my own pictures, and slightly out of focus, like these moments in life that are long gone and losing in sharpness as time passes.
everything sits still tonight, like everything fell on the right place in order. no particular one, yet in some order, taking the right space.
i’m alone.

i’m not scared anymore.

Iron and Wine is now playing on my computer, “the creek drank the cradle”. i’m listening to this album for the very first time. not the last, no, not the last.
perfect music suits perfect moments.
i keep piling cds over more cds, building towers of hours of music.
i keep piling books over more books. hundred of thousands of words. hundreds of thousands of notes of music.
one day, my piles will fall down, and then i’ll know it’s time for a change.

you don’t choose perfect times, they come to you, and leave as silently and unnoticed as they came.

a candle burns slowly on a shelf, creating light moving shadows on my music and in my room, that i know how to use to pursue my own shadows. i’ve always wanted to frame a candle and its shadows, and now i will, now i will.
maybe i’ll turn out the lights now. maybe i won’t need my medecine to sleep tonight. maybe i’ll chase the angry voices in my head tonight, maybe they’ll go away tonight, maybe they’ll fall in some right place, like everything else tonight.

no, i’m not scared anymore.

if you ask me, if you should ask me, i’m doing fine.
for everything fell in the right place tonight. everything found the right space tonight, and i’m so mellow happy.

and all i want is the perfect picture for an ending.

what scare me the most in this damn job of mine, are laziness and easiness.

they are mediocrity’s lovers.

maybe i can’t be always on the search. but i should be.
definitely.