Blague à part, notre diapo sonore réalisé à Johannesburg, sur les réfugiés zimbabwéens à Central Church est en ligne sur le blog de XXI et c’est par là : www.leblogde21.com

Il est le cliché parfait du vieux-monsieur-espiègle-et-juvénile. Alors je photographie un jeune vieux monsieur. Il arrive dans la pièce et allume une cigarette pour la fumer rapidement à la fenêtre pendant que je sors mon matériel. L’immeuble est non fumeur, bien entendu. Mais je n’ai rien à préparer, je sors juste mon appareil et mon 50mm. J’oriente son fauteuil, lui demande de s’asseoir et nous voilà partis pour une des sessions les plus drôles, les plus détendues et les plus faciles que j’ai faites. La plupart du temps, il sourit et garde bien ses yeux ouverts, fait des petites grimaces et discute allègrement. Et puis l’instant d’après, il est perdu dans ses pensées, sérieux, et mon jeune vieux monsieur redevient le jazzman respecté au beau visage ridé. Un monsieur. Encore quelques secondes et alors que j’oriente juste son visage et son regard, je photographie à nouveau mon jeune vieux monsieur.

jacques coursil

Jacques Coursil pour World Sound, février 2010.

“j’aurais voulu voir des histoires.” argh. Mon éternel problème. Parce que qui dit histoire dit éditing de fou. Dit choix drastique. Dit exit plein d’images qui sont bien mais pas assez.
Samedi, j’étais ? l’AG de Freelens, avec avant des confs, des lectures de books, des papotages avec d’autres photographes, des cafés, et après, des bières. C’était chouette.
Donc c’est ce qu’on m’a dit, “très belles images mais j’aurais voulu voir des histoires.” En même temps, je me dis que c’est quand même bien.
Reste le problème des histoires, avec des débuts, des milieux, des fins. Préférablement un de chaque par histoire, on va pas compliquer le bordel. Mais ça m’a fait du bien de montrer mon book, première fois que je fais des lectures comme ça, que j’en parle avec différents pros, photographes ou iconos. Première fois que je dis pas “oui huh uh, faut aller voir sur mon site internet”, toute première fois, c’est dingue quand j’y pense quand même, d’avoir attendu tout ce temps. Enfin bon, on va pas reparler confiance en soi ou de son manque cruel pendant un bon moment, sinon on y est encore après-demain matin et on a tous des trucs plus intéressants à faire que de geindre 107 ans “gné, mes photos sont pas assez bien”. En plus c’est même pas vrai.

Tout ça pour dire, en gros, que je pensais avoir bien refait mon book papier mais qu’en fait, non. Et qu’il faut que je m’en fasse un autre, avec des histoires dedans. Et qu’heureusement que je me suis faite couper les cheveux il y a trois jours, et qu’ils sont donc trop courts pour que je me les arrache. C’est toujours ça de pris.

Il y avait la lenteur et le son, étouffé, bancal de l’ouverture, un truc infiniment apaisant qui descendait dans la pièce, et je n’ai jamais pu depuis m’empêcher de l’associer avec les crépitements du feu dans la grande cheminée, les fauteuils à carreaux rouges et blancs, le vent dehors, les phrases qui se font plus lentes, les voix plus basses. C’était un disque de fin de soirée. Et puis il y avait Gold Day, juste après, juste assez d’énergie pour ne pas s’enfoncer dans la torpeur ambiante, et tout est calme, et tout est beau.

Et quand It’s a Wonderful Life s’arrêtait, trop vite, souvent à la suite, il y avait Dreamt For Light Years, c’était la suite logique.
C’était la bande-son d’une autre époque, ni pire ni meilleure, juste différente. La terre aurait pu s’arrêter de tourner là, avec le feu qui s’éteignait tout doucement dans la grande cheminée et le vent dehors, les voix et les rires, mais tant que la musique enveloppait la pièce, ça n’avait pas d’importance, et tout était calme, et tout était beau.

sparklehorse cigale

Sparklehorse – La cigale, octobre 2006


Sparklehorse – Gold Day

keep all your crows away
hold skinny wolves at bay
in silver piles of smiles
may all your days be gold my child

bénin
Quelque part, à un moment donné, au Bénin.

Bon ben voilà, si t’aimes le noir et blanc, si t’aimes le contraste, si t’aimes les avions et les aéroports, si t’as la bougeotte et les jambes qui fourmillent, viens donc faire un tour dans mes carnets de route. Par , voilà.

Si t’aimes pas le noir et blanc, je t’avoue que c’est quand même un tout petit peu embêtant. Mais enfin, c’est toi qui vois.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui mais ça vaut drôlement le coup.

Ah oui non, c’est pas tout. Pendant que j’étais pas ici à bavasser, j’ai quand même retrouvé le nom du journaliste que je cherchais. C’était même une drôle de bonne nouvelle jusqu’à il y a 3-4 jours. On m’en avait parlé en interview et j’étais toute contente en me disant chouette, ça va peut-être bien me plaire, je vais aller m’acheter ses bouquins. Joie de fort courte durée, vu que j’avais bêtement oublié de noter son nom. Qu’il a à coucher dehors pour ne rien arranger. Donc au début, j’ai cherché, j’ai même essayé de redemander. Et puis j’ai zappé, la vie que veux-tu. J’y ai repensé, et puis j’ai pas re-recherché. Il y a genre deux semaines, au détour d’un forum, je tombe sur son nom, je me renseigne, je le note, vu qu’il faudrait être un peu moi pour faire deux fois la même connerie. Bon alors le journaliste en question, c’est juste Ryszard Kapuscinski. Donc un des journalistes les plus mondialement connus au niveau mythique de réputation en béton et que tout le monde connait et a lu, sauf moi, bougre d’inculte. J’achète donc Ebène à la librairie en bas de chez moi, contente comme tout, contente comme avant quand je savais pas que j’avais pas noté son nom dans mon carnet, contente comme quand tu vas rencontrer un mythe, contente comme quand je m’achète un nouveau bouquin de Depardon. Un peu comme ça. Et là il y a quelques jours, j’apprends qu’un biographe égratigne un brin le grantomme, qui se serait légèrement oublié, et parfois un poil éloigné de la vérité. Mon tout nouveau mythe en cours d’adoption est un peu cassé, du coup. ça l’aurait pas fait chier d’attendre que je lise ses bouquins avant de sortir ça, hein ? Biographe de mes deux.
Bon je vais lire Ebène quand même hein, ça a l’air vachement bien. Le reste on s’en fout.

Tout ça pour dire que, premièrement, il faut toujours noter les trucs dans son petit carnet et deuxièmement, je sais plus, il est tard.