j’avais un peu envie de mourir hier en selectionnnant et bossant les photos que je devais livrer aujourd’hui ? mes redac chefs. j’avais un peu envie de me barrer en courant tout en m’excusant aujourd’hui, j’avais un peu envie de dire mais c’est pas ma faute. sauf que j’aime pas dire c’est pas ma faute, je me r?p?te si tu fais une photo, quoi qu’il arrive c’est ta faute. si c’est pas le bon angle, t’avais qu’? bouger, si t’?tais trop loin t’avais qu’? utiliser un t?l? ou te rapprocher, si y’avait pas assez de lumi?re t’as qu’? avoir du bon mat?riel, t’as qu’? avoir un scanner pro, t’as qu’? avoir des sous, t’as qu’? te d?merder ou t’avais qu’? pas faire ce job. pourquoi j’arrive pas ? rentrer dans les cases ? pourquoi j’aime les codes uniquement pour les d?tourner ? pourquoi j’ai boss? dans mon coin pendant des ann?es pour essayer de faire des trucs diff?rents avec les moyens que j’ai qui n’ont rien ? voir avec ceux des super pros ? pourquoi j’ai ?t? assez tar?e pour me lancer au lieu de p?ter joyeusement un c?ble dans un boulot de technico-commerciale ?
je ne me rappelle plus bien comment c’?tait avant. j’essaie, mais j’y arrive pas. au d?but, c’?tait par plaisir, mais je fais toujours ce job par et avec plaisir. apr?s c’?tait parce qu’une photo c’est toujours mieux que rien et j’?tais pas pay?e. maintenant je le suis et si c’est pas moi c’est quelqu’un d’autre qui sera pay? ? le faire. c’est ?a la diff?rence ? j’en sais trop rien. l’ignorance ?tait une b?n?diction. c’est tellement plus de la rigolade maintenant que je passe mon temps ? angoisser, en attendant qu’un jour, je sois assez s?re de moi pour angoisser moins. ce que j’aime j’apprends ? m’en d?tacher, mes vell?it?s artistiques je les mets dans ma poche avec un mouchoir dessus, la recherche, l’expression on s’en tape, j’essaie juste de faire ce qu’on me demande et des fois, j’y arrive pas. bizarrement mes photos backstages ont ?t? bien appr?ci?es donc je vais pas pleurer la mis?re, les backstages c’est un peu ce que j’ai pour pouvoir ?tre un peu personnelle. si je loupais celles-l? aussi, je pourrais autant changer de job. enfin j’attends qu’on me file des r?gles ? suivre aussi pour les backstages et apr?s je pourrais commencer ? merder ?a aussi.
je crois que j’ai pas bien fait attention, je crois que j’ai cass? un truc.



(merci lara, et allez voir chez saryon, la sienne est bien belle !)

– oh, that’s fine, i’ll wait.
– okay, i just need to find out if you’re on the list cause there are no press photographers allowed tonight.
– right, no problem, i’m gonna call them anyway, i’m waiting right here.
– okay, sorry again. oh and what’s your name ?
– juliette…errr..juliette robert.
– huh ? juliette roberts ? that’s the first time i hear that one !

– okay, you’re in. sorry about that, i just needed a verification.
– no problem. do i need a pass or something ?
– right. here you are.
– thanks a lot.

quand y’a marqu? v.i.p sur le bracelet et pas juste guest comme les autres, avec des trucs en plastique d?tachables avec des logos de coupes dessus, ?a veut bien dire que je peux me bourrer la gueule gratos au champagne dans le carr? vip toute seule comme une conne ?
passke si oui, j’ai bien malencontreusement pouss? l’occas dans les orties. vous me direz c’est bien la peine d’avoir un nom de star et un accent am?ricain de tueuse pour le dire au sympathique guy in charge mais je me sentais pas de tenter la travers?e de l’aftershow en solitaire.

fin de printemps comme un d?but d’?t?, m?t?o cl?mente et temps arr?t?, je nous revois ? pic et ? coeur ouvert, une vue imprenable ? nos pieds, dans la vall?e nos vies pass?es fourmillantes si loin de nous d?j?. on s’est assis au sommet les jambes ballantes dans le vide, on a regard? le mince chemin de cr?te qu’on avait trac? jusque l?, et plus bas l’escalade vertigineuse faite sans efforts ni remords, comme si un prends ma main ne valait mille on s’aimera. on voulait vaincre les crevasses aux coeurs et les ger?ures aux l?vres, on a lev? nos verres ? nos risques et p?rils, jouant cr?nement avec la peur tandis que suintaient nos doutes, mais au sommet, go?tant le vent et l’ivresse des cimes, la respiration courte et le sang qui gronde, on a d?cid? que plus rien n’aurait d’importance, rien que notre montagne scintillante de peut-?tres et de d?j?s.
plus pr?s du bord plus pr?s encore on s’est pench? pour se sentir vaciller, par attrait du danger on a dans? au dessus du vide sur l’aplomb effrit? de nos certitudes, cherchant ? nouveau l’?quilibre dans le mouvement. on a dans? de nuit et encore longtemps apr?s sans voir que l’altitude elle-m?me provoquait le d?sir, et puis tu as boug? d’un murmure, moi j’avais quelques cris de retard, on n’aurait jamais cru possible de d?valer nos millions de mots de d?nivel?, encord?s mais d?sacord?s, l’un glisse et l’autre d?visse, d’une chute en rechutes, immobiles dans la d?faite comme une improbable all?gorie, on a senti le poids de nos asp?rit?s nous entra?ner d’autant plus vite qu’on n’avait jamais pr?vu de filet de s?curit?.
fin de printemps, presque un d?but d’?t?, je nous revois au sommet, pressant notre qu?te d’enti?ret? avec cette folie qui m?ne ? trop ou bien trop peu, nos vies en bas qui nous semblaient si plates et notre fier absolu m?ritant tellement mieux.

je suis all?e acheter le rock mag de ce mois-ci, parce que bon, au point o? j’en suis, je peux aussi bien faire moi-m?me collec des mags dans lesquels j’ai des photos. m?me si c’est juste une petite photo de deportivo. m?me si je suis comme ces stars qui font des cam?os non cr?dit?s dans les films. h?h?. j’ai aussi achet? magic, histoire de voir si jamais j’avais pas ?t? somnambule des fois et que j’aurais fait des photos pour eux sans m’en souvenir.
bon pas cette fois.

beepbeep-beepbeep-yeah.

soundtrack : the beatles – drive my car