queyras - pain de sucre

pain de sucre* 1 – paris 0
(argl)

*gros tas de caillasse tr?s haut appel? comme ?a pour une raison inconnue

et la premi?re balade de 10 bornes ? peine arriv?e, avec 6h de train et juste 2h de sommeil dans les pattes, et of course les premi?res photos comme ?a limite sans viser pour le plaisir de la lumi?re qui tombe doucement sur les montagnes et les villages coul?s dans leurs flancs, et les randos qui se suivent l’air de rien et les paysages qui se laissent red?couvrir sans trop broncher, l’air de dire tiens, y’avait ce petit lac que t’avais oubli? et puis le soleil dans les m?l?zes et la lumi?re m?me qui n’est pas du tout pareille, tiens y’avait la vue l? du pic que tu ne savais pas appr?cier ? l’?poque — oui, mais est-ce qu’on appr?cie vraiment la vue qu’on a du pic quand on est m?me et qu’il ne faut pas boire sans soif alors attends la prochaine h?lte ? sans doute pas, donc — et les torrents qui jonglent avec les pierres lisses dans lesquels on a vraiment pass? l’?ge de faire des barrages et des lacs miniatures, et les noms des papillons que j’avais compl?tement oubli?s, sans parler des nu?es de sauterelles qui sautent ? chaque pas et que je ne sais m?me plus attraper ? coup s?r, et les premiers bon coups de soleil, et le premier souffle coup? dans la mont?e au col — n’importe quel col, il y en a partout –, et les lacs de montagnes perdus dans leurs replis qu’on croit toujours atteindre ? la mont?e d’apr?s, et les seuls sons entendus du lever du soleil au coucher, sauterelles, vent et torrent en bas, et les bourrasques parfois violentes et glac?es qui rebondissent contre les cr?tes escarp?es juste pour faire tourner la t?te, et le lever de soleil sur la vall?e depuis 3200 m d’altitude, et la question des fois en pleine mont?e sur un sentier minuscule qui serpente dans l’herbe courte “mais ? quoi ?a sert de monter si c’est pour redescendre apr?s ?” , et la mani?re dont cette question se dissout pendant que les jambes continuent ? avancer un peu plus loin un peu plus haut,
et le visage qui chauffait encore du dernier coup de soleil dans le train,
et dans le m?tro,
et qui chauffe toujours,
et le ciel bouch? qui p?lissait tout ? l’heure au dessus des toits gris?tres,
et les bruit d’avions, de klaxons, de circulation qui montent jusqu’? ma fen?tre,
et la panique un peu d’avoir d? redescendre.

queyras

pierre grosse

demain, je pars l?.
enfin quand je dis demain… il est 2h17, je me l?ve ? 5h et quart pour mon train du tr?s tr?s t?t du matin.
enfin toujours est-il que je pars l?. demain ou tout ? l’heure.
j’ai cette photo depuis avril**.
?a fait pile-poil 20 ans que je suis all?e l?-bas pour la premi?re fois. dix ans pile poil que je n’y suis pas all?e.
weird.
je pensais ? ?a dans le m?tro tout ? l’heure. j’y pensais aussi en finissant mes boulots, en bouclant mes photos ces derniers jours.
mon sac est enfin boucl?, tout est enfin r?gl?. j’ai l’impression de partir au bout du monde pour une p?riode indetermin?e.
sauf que. quand je partirais au bout du monde pour une p?riode indetermin?e, j’esp?re que je n’aurais pas cette crainte de devoir revenir plus t?t que pr?vu, cette culpabilit? de m’absenter vraiment pendant plus de deux jours, pour la deuxi?me semaine dans l’ann?e.
marrant comme c’est dur de s’extirper…

bon voil?, demain je pars l?, enfin si j’entends mes r?veils.
bonnes vacances ? vous les gens si vous partez… sinon, je vous souhaite de vous ?vader quand m?me…

*(titre ?videmment du g?nie des Alpages de f’murrrrr)(si vous connaissez pas, c’est p?ch? mais ?a va pour cette fois, vous me ferez deux int?grales d’ici la rentr?e)
**(cr?dit photo : madame la proprio du ch?let, scusez-pardon-et-merci)

ps : et ceusses qui diraient que j’ai pris genre deux appareils photo sont rien que des mauvaises langues.
je suis pas arriv?e ? en prendre moins de trois.
et une cam?ra pour mes machins de je-sais-pas-bien-o?-je-vais-mais-on-verra-bien.
(tain des fois quand m?me, je me fais peur)

il y a un avantage m?connu ? foirer les trois quarts de ses photos de festivals — photos foir?es pour des raisons ? la con, genre j’ai tout le concert alors je suis pas assez speed pour trouver un point de vue, hu huh trop dure la vie, ou genre et si je faisais pas la mise au point au bon endroit, pour rigoler ? ce pied de micro m?rite d’?tre net une fois dans sa vie ingrate de pied de micro,
ou encore genre tiens, je vais cadrer comme un pied pour voir, ?a va ?tre original, ou alors genre une bonne exposition c’est pour les rigolos alors je vais sous-ex de 12 diaph sinon c’est troooop facile pour moi pis c’est aussi pour faire de l’????rt apr?s coup en noir et blanc — et donc accessoirement du travail de cochon,
enfin bref pour plein de raisons comme ?a, donc je disais qu’il y a quand m?me un avantage qui ne saute vachement pas aux yeux comme ?a au premier abord, ni m?me des fois au second,
c’est que, quand t’es en bouclage pour trois mags au m?me moment, ou m?me un seul d’ailleurs, donc quand tu boucles comme si ta vie tes vacances en d?pendaient,
ben avoir qu’un quart de douze mille photos ? ?diter et bosser, mine de rien, ?a fait vachement moins de boulot…

(ou?, on se console comme on peut)(mais j’avais pr?venu, je suis pragmatique qu’une fois par an, profitez-en)