Belgrade – 04-05

lying in my small bed, trying to reflect on what we learned today, what we saw, what we were told, where we are and what we’ll do… i’m not sure yet what to think, i guess it’s all going too fast right now, and i can’t find any time. there will be a ton of plans to make tomorrow and maybe i’ll find a moment on my own to think and write more.
still, know that the quite hidden ‘globe-trotters association’ is a great place…

Belgrade – 03-05

24 h de bus, mais d?j? ? la gare eurolines, on aurait eu besoin d’un fixeur pour comprendre les chauffeurs qui ne parlent que serbe, comme la majorit? des voyageurs. 24h du bus ? essayer de pioncer et se r?veiller ? temps parfois au milieu de la nuit en allemagne, ou pour apercevoir au loin les montagnes autrichiennes, le lever de soleil pr?s de la fronti?re, la campagne et les petits villages hongrois, l’attente ? la fronti?re serbe. ma voisine me traduit au fur et ? mesure les commentaires des chauffeurs qui se r?sument bien souvent ? « on va faire 10 minutes de pause l? », ? un arr?t on parle un peu avec une voyageuse qui revient des fian?ailles de sa fille ? Paris. « oui l’eau est potable partout » nous dit-elle alors qu’on remplit nos bouteilles ? une pompe au milieu de la cambrousse serbe « y’a pas d’industries polluantes ici, d’ailleurs, y’a pas d’industrie ici », elle se marre, redevient ? moiti? s?rieuse « mais ?a va changer, enfin j’esp?re ! si vous parlez aux gens, vous verrez, ils sont nostalgiques de la yougoslavie… »
on apprend deux trois mots de serbes, da, ne, hvala… je retrouve mes vieux r?flexes de 5 ann?es de russe pour lire le cyrillique, puis arriv?e sur Belgrade, en contrebas, des bidonvilles des roms sous le pont de l’autoroute ? l’entr?e de la ville.
on marchande un peu pour le transport en taxi, histoire de pas payer de surcharge bagages, on prend le num?ro de notre chauffeur qui comprend un peu le fran?ais, juste au cas o?. notre auberge est dans un vieil immeuble mais l’int?rieur est confortable, wifi, caf? turc ? volont?, terrasse dont on profite aussit?t pour les derniers rayons de soleil.

premier jour, premi?re r?u boulot ? 10h du mat’ et missions de la journ?e, trouver des cartes de t?l?phone, relancer nos contacts, trouver les horaires de bus pour le kosovo et plein d’autres trucs. premi?res vadrouilles et premi?res images avec notre cadreur. de part et d’autre d’une grande avenue, deux batiments portent encore les traces des bombardements, des plaies b?antes de fer tordu et pierres calcin?es et sur les vieux b?timents ? c?t?, des ?clats plus clairs dans la pierre grise. dans la rue, personne n’y pr?te plus attention. on continue, vieux trams rouge et jaunes, trolleybus cahotants, yugos et coccinelles au milieu de toute la modernit? d’une capitale, ?normes b?timents sovi?tiques des ann?es 50 et ?glises orthodoxes un peu partout.
on tombe par hasard sur un meeting politique sur une grande place. drapeaux europ?ens, drapeaux au couleurs du parti, gosse au premier rang qui agite une banderole en carton, militants qui me demandent de les prendre en photo ou qui agitent leurs drapeaux encore plus quand je les vise.
premiers rep?rages, on prend d?j? nos marques, on joue ? se perdre et ? d?chiffrer les noms des rues souvent absents et toujours en cyrillique. la bi?re se sert toujours en pinte, les clopes co?tent 1,5 euros, et ?a y est, on se rend compte qu’on a presque du mal ? fumer au restaurant.
premi?res impressions d’une ville qui s?duit ?norm?ment… mais mes lentilles collent, ?a doit ?tre l’heure d’aller m’?crouler sous la couette ou quelque chose comme ?a.

je te raconte pas le bordel, des c?bles qui sortent de chaque prises de mon placard ? balais pour recharger tr?s exactement huit batteries diverses et vari?es. je sais pas si quelqu’un a invent? le concept du « voyager l?ger », genre prendre le strict minimum, trois t-shirts, un slip et une brosse ? dents, mais si ?a a ?t? invent?, m’est avis que ?a l’a ?t? par quelqu’un qui voyageait au 18e si?cle. sans t?l?phones portables. sans appareils photos. sans ordi portable. sans cam?ra. sans truc type archos pour d?charger ses cartes m?moires. quelque part, m?me si j’appr?cie tout ce luxe technologique, je r?ve de partir sans fil ? la patte.
je te passe le chat qui s’?clate dans les c?bles. ou dans mon duvet qui a?re. ou qui me regarde d’un air un peu inquiet genre « non mais demain c’est f?ri?, qu’est-ce que tu t’excites, ?a va pas ou quoi ? »
je te raconte pas le bordel, les sacs qui d?bordent de matos, de films que je dois trier, de choix ? faire ? l’avance et pas savoir s’il vaut mieux trop que pas assez.
je t’?pargne le d?ner aval? sur le pouce et les dix mille trucs en t?te ? pas oublier et les vingt mille trucs ? finir et puis le stress qui se l?ve au fur et ? mesure que j’?cluse tout. ces trucs urgents qui se sont empil?s ? tous les trucs urgents que je fais depuis deux semaines.
je te raconte pas le bordel, le passeport dans un coin et une enveloppe et tous les papiers ? imprimer demain.
je te dis pas en d?tail les deux derniers bouclages de tr?s tard du soir avant de partir et les yeux qui collent des larmes de fatigue ? force de courir partout depuis deux semaines et de pas bien dormir la nuit ou en tout cas vraiment pas longtemps.
je vais pas te prendre la t?te avec mes histoires de photos rat?es parce que c’?tait un jour sans, je vais juste dire que nique le vent quoi. et que je suis pas la seule ? le penser et que des fois, ben ?a fait du bien d’entendre « pis on s’en fout ». m?me si on s’en fout pas pour de vrai de vrai. on peut toujours faire comme si.
je te raconte rien ou si peu du bordel que c’est ce truc. les checklists. les mails sans arr?t. les coups de fil.
je te dis pas l’envie et la pression mais surtout l’envie que j’ai. les putains d’envies m?me. les trucs que je vois pas bien encore mais que je sens bien l?.
je te dis pas comme je suis comme une dingue de partir mais bon, ?a tu t’en doutes, au moins un peu.

c’est fou tout ce que j’ai marché. c’est fou tout ce que j’avais parcouru avec l’indélébile impression engluée sur mon front de faire toujours le même tour, sans cesse les mêmes détours mais osciller n’est pas jouer, pourtant j’avais inventé le mouvement perpétuel alors… je pouvais bien me coucher et m’endormir pour une éternité, comme faire une nuit blanche et se coucher au petit matin, l’esprit plein de tout et de rien avec l’envie de surtout pas trop se réveiller. et ça doit être ça de jouer à  la petite physique de chambre, tu finis par tester le mouvement perpétuel dans le vide, oublier les masses dans les calculs pour finir à  la masse et sans recul. c’est si facile un cercle le tout est de choisir le bon pour orbiter, la trajectoire, c’est une histoire de corps qui se voulaient célestes mais dont les esprits étaient soumis à  la même pesanteur, à  la même gravité. c’est qu’à  force de s’enfoncer progressivement, on s’enferme dans ses propres ornières, on se dit de loin en loin de temps en temps qu’on s’enverra des décharges d’explosifs pour corriger nos trajectoires, on se dit ça mais on ne le fait pas. on se dit que le pire pourrait toujours être pire alors faut éviter de regarder trop sur les côtés, sauf quand ça t’éclabousse mais le pire n’est pas de regretter c’est de renoncer.
il y avait ce passage d’un livre que j’aimais, de ces gosses perdus dans un tunnel de métro abandonné et qui marchaient sans cesse pendant des heures et ça leur paraissait des siècles, et ils avaient soif et faim et ils étaient épuisés, et puis quand l’un d’eux s’est écroulé, il a vu des picotements au dessus de lui et ils ont tous réalisé que ça faisait bien longtemps qu’ils étaient sortis du tunnel, c’est juste qu’au dehors, il faisait nuit.
j’avais fais une promesse en chemin, quand il était encore à  peu près droit et à  peu près marqué. c’était l’époque où je me dessinais mes panneaux de signalisation et je les plantais, c’était pas pour me retourner et jauger la route parcourue, je crois que c’était pour que cette promesse arrive à  me suivre comme ça, quand elle aurait le temps, à  son rythme. à  force elle m’avait bien perdue de vue, à  cause de cette foutue trajectoire orbitale de satellite géostationnaire périmé, à  force elle s’était perdue et je la voyais pourtant de plus en plus loin à  travers mes écrans de fumée. et puis là , je me suis arrêtée. j’ai replanté un panneau comme ça. pour moi. et puis j’ai laissé ma promesse me rattraper. je l’ai attrapée et je l’ai tenue, au moins un petit bout, par un coin, pour le début.
ça a pesé une tonne mais j’ai fini par effacer mes dédales de digues de fumée : qui a dit que c’était léger la fumée ? qui décide où et comment la physique s’applique, qui décide en quoi le physique s’explique, c’est juste une histoire de corps qui se voulaient célestes mais dont les esprits étaient soumis à  la même gravité.

i’m dreaming of roads, of lancinating rhythms, of states between sleep and half-sleep, i’m dreaming of half-dreams. i’m dreaming of faded colours, of splinters of red, of rain and blur, i’m dreaming in grainy black and white. i’m seeing many faces, i’m seeing poorly lit interiors, i’m seeing green mountains and dark paths. i’m dreaming of cities that don’t exist, of desertic countries, of people i don’t know.
i’ve dreamt we were walking on a maze of electric lines and you were holding my hands in yours. damn, i’ve dreamt of your eyes again. it’s time to leave once again soon and i’ll never know you.

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Sixto Rodriguez – Sugarman