tu vois il y a des cris ou des chants d’oiseaux qui entrent par la fen?tre ouverte et je ne sais pas si je vais la fermer, et je ne sais pas si je vais ?teindre mon ordinateur et aller me coucher, je tombe de fatigue et un peu d’alcool l?ger, je tombe un peu mais je ne sais pas si je veux me lever, c’est toujours pareil en fait, tous les soirs sont diff?rents et tous sont exactement les m?mes pourtant. non je ne veux pas arr?ter les mots les ?changes les regards la connivence les sourires, je ne veux rien arr?ter, regretter, oblit?rer, oublier, jamais, mais j’ai rendez-vous demain pour un job ? 11 heures, j’ai rendez-vous et c’est important, c’est dans six heures, je n’aurais pas du compter, je ne devrais jamais plus compter les heures et les amasser, les accaparer, les amocher,
j’avais toute la journ?e des visions de m?l?zes et de souvenirs accroch?s ? leurs branches ou flottant l?gers au ras de l’eau de torrents de montagne ou naviguant libres dans l’herbe rase gorg?e de soleil, j’avais des visions d’altitude et d’air tellement plein d’oxyg?ne qu’il vous coupe le souffle, j’avais toute la journ?e des envie de grands vents et d’orages et de routes en lacets et d’aubes au bord de lacs ? 2600 m?tres d’altitude, j’avais depuis des jours et des jours et des semaines des d?sirs profonds d’ermitage au fin fond d’une ferme, n’importe o? du moment que ?a soit loin d’ici et si possible pas trop pr?s de moi, du moi d’ici.
oui mais j’ai rendez-vous demain pour un job ? 11 heures et il est plus de cinq heures d?j? et le sommeil viendra bien trop vite et les r?ves qui n’ont rien ? voir avec quelque vision que ?a soit seront bien trop r?els, j’aurais le vertige encore une fois ou je serais dans un avion ou perdue dans l’a?roport ou je serais loin dans des montagnes grises et froides, ou je me r?veillerai, le corps ?lectris? de part en part sous l’effet du m?me d?lice ou d’un cauchemar, la sensation est la m?me de toute fa?on, ce n’est que l’id?e qu’on s’en fait qui change la perception, j’ai rendez-vous demain et je n’ai plus pour un temps rendez-vous avec mes visions d’absolu, de retour ? un ?ge o? je ne m’?tais pas encore d?finie, et r?trospectivement tout paraissait si simple m?me quand ?a ne l’?tait pas, j’ai laiss? des souvenirs accroch?s aux branches de m?l?zes assez loin d’ici pour que j’oublie un peu tout ?a, je devrais ?tre ? un ?ge raisonnable mais ? l’?ge des conneries je savais d?j? trop ce que je ne voulais surtout pas, alors c’est maintenant que j’arrive ? la limite, que je touche la ligne du bout des doigts, ce serait si facile de retourner vivre ce que je ne veux pas pour moi, dans l’absolu, c’est si tentant, je veux des images crades et granuleuses et des p?nombres, des ?clats de peau, des flous ? en avoir la naus?e, je veux des instantan?s rat?s, de ceux qu’on fait quand il n’y a plus de musique depuis longtemps, des regards qui fuient, des mains tordues, des surexpositions de lumi?res crues,
et je pourrais vouloir ?a longtemps et franchir la ligne et aller juste o? je sais parfaitement que je ne suis pas, je pourrais vouloir longtemps et tout faire pour, les retours ? pieds ou les premiers m?tros blafards, les lieux intimes que je ne souhaiterais jamais conna?tre r?ellement, je pourrais vouloir ?a longtemps et tout faire pour, vraiment, mais ?a ne servirait ? rien, ?a n’arriverait de toute fa?on jamais, quoi que je fasse, quelles que soient les lignes rouges que je franchisse all?grement,
je pourrais viser mais jamais atteindre, je pourrais cadrer mais rien ne se d?clencherait, j’ai rendez-vous ? 11 heures demain pour un job mais je ne peux pas dire que mon viseur est satur? de fant?mes gris?tres qui s’y sont accumul?s et qu’il n’y a qu’eux que je vois, qu’ils portent des sourires ou des regards ou des connivences ou des mains qui n’atteignent aucun but, je ne vois qu’eux et ne sens que leur poids, je ne peux pas dire ?a demain ou apr?s-demain ou le jour d’apr?s, il n’y a qu’une ligne rouge au milieu des spectres de tout ce qui me manque, c’est une photo que je n’ai pas encore faite, elle est bien trop pr?sente devant mes yeux ? chaque instant, dans mon viseur, je n’aurais qu’? dire que oui, je suis capable de faire toutes les commandes qu’on veut, je n’aurais qu’? dire que oui, je travaille en num?rique, on s’en fout apr?s tout, des lignes rouges et des photos exp?rimentales, on s’en fout des visions ou des cauchemars, on s’en fout de ce qui n’arrivera pas ou bien jamais, il est plus de cinq heures et demi et je me fous un peu de tout maintenant. et ?a fait tellement longtemps que c’est ce maintenant.



5 blablas sympas

Brett

Friday, 14 April 2006

Ton texte est trop intime pour que je puisse le resentir mais il est foutrement beau et triste.

Tuesday, 18 April 2006

Bordel oui, ?a fait tellement longtemps que c’est ce maintenant…

Wednesday, 19 April 2006

Ce texte est magnifique.Wow.

Clement

Saturday, 31 January 2009

C’est nul. Pr?tentieux, narcissique, vide. Tant dans le style que sur le fond.

-ju

Saturday, 31 January 2009

c’est vrai que c’est vachement int?ressant, humble et pas du tout vain de commenter un post plus de deux ans apr?s la bataille… enfin si ?a peut te faire tripper…

dire un truc ?