Moscou

Elle est petite, Olga, quand elle marche finalement à côté de son mari, un grand type au visage rond, tous les deux emmitouflés, tous les deux qui se regardent, comme s’il n’y avait pas douze caméras et appareils et micros braqués sur eux, tous les deux qui se sourient, comme si on n’existait plus alors qu’on est bien trop près d’eux, à guetter leurs paroles, tous les deux qui espèrent, et quand ils marchent les vingt mètres de parking jusqu’à l’entrée du tribunal, on s’écarte en shootant, en filmant et je vois leurs regards baissés et la main d’Olga, perdue dans celle de son mari.
Elle est petite Olga, quand elle attend par l’autre sortie, celle du côté du tribunal, le verdict est tombé, putain cinq ans, c’est une fille en larmes qui l’a annoncé il y a une heure, en courant à travers les portillons, puis les portes en bois, jusqu’en haut des escaliers, “Piat liet!! Piat liet!!” Depuis on attend, derrière les barrières, les flics ont sorti leurs chiens, des fois que, la porte en fer va s’ouvrir, et Olga, là, au milieu des grands flics, si nombreux, pour rien, elle a l’air tellement petite. Je surprends son regard et déclenche. Plus tard, la porte va s’ouvrir, ils vont l’emmener, son mari, le grand type au visage rond, le bus grillagé est prêt, ça va être rapide, et voilà il sera parti. Olga restera là, avec une rose rouge à la main, au milieu de leurs soutiens, la petite vingtaine de personnes qu’il reste sur la centaine de tout à l’heure, je verrai ses larmes et je m’éloignerai, sans les photographier.

dire un truc ?