En 2001, j’étais sortie de mon école photo depuis un an, mais j’étais pas beaucoup plus avancée. J’avais bouffé tellement de technique et de courbes de sensitométrie que j’étais incapable de faire une image. La spontanéité, l’instant, l’instinct, tout ça c’était passé à la trappe et je n’ai quasi pas touché à un appareil pendant deux ans. Le déclic est revenu lors d’un voyage à New York en 2002, mais c’est une toute autre histoire. En 2001, je n’avais même plus vraiment envie de photo, je voulais avoir 30 ans et des années de reportages derrière moi, histoire de ne surtout pas avoir à faire le chemin mais être direct là où je rêvais d’être.
Si je réfléchis là où j’étais en 2001, c’est suite au lien que Pierre Morel fait tourner, une s?rie d’articles saignants et désabusés sur l’état de la presse française et du photojournalisme en 2001. Et quand on voit son état actuel, 8 ans après, on se demande ce qui a été fait pendant tout ce temps alors que la sonnette d’alarme avait été tirée. Et on réalise que rien, que dalle. Que c’est la même, en pire. Et que comme dit Pierre Madrid, tout le monde aime le photojournalisme, mais pas les photographes. L’article le plus parlant, c’est “le photojournalisme agonise” et bien que ça ne serve à rien de se repencher sur le passé, surtout quand le présent n’est pas spécialement lumineux, ça fait tout de même froid dans le dos. Le reste des articles est édifiant aussi.
En 2001, je n’y connaissais rien, j’étais en fac de cinéma, prête à lâcher la photo pure pour le ciné, tellement j’arrivais plus à faire une image. J’y suis revenue 2-3 ans plus tard, dégoutée par le manque flagrant de moyens de l’université. J’y suis revenue par un concours de circonstances, un truc comme rencontrer la bonne personne au bon moment. En 2009, la situation générale s’est encore détériorée et suit la même courbe descendante et je me demande parfois si je ne devrais pas tout lâcher et faire un job sérieux, pas un métier de saltimbanque. On a beau se dire que la révolution numérique doit être surtout porteuse d’opportunités, de réinvention, et que chialer sur le passé ne sert à rien, quand je vois la vraie gueule d’un passé pas si lointain, j’en veux un peu à ceux qui étaient aux manettes et qui le sont toujours d’ailleurs et qui s’agrippent, et qui n’ont rien fait ou si peu, et qui ne font toujours pas grand chose, à part brailler de temps en temps qu’ils aiment le photojournalisme tout en te claquant la porte au nez quand tu te ramènes avec un sujet original.
Je suis pas amère, je suis pas blasée, au contraire, bizarrement. Fin 2010 j’aurai 30 ans, mais en 2009, au moins, je sais où je veux aller et à peu près comment m’y rendre, en 2009, au moins, je sais à quoi m’attendre.
Sinon, rien à voir (enfin presque), mais mon nouveau site est en ligne, hop : julietterobert.com