Festival jazz Montr?al

…des trapézistes jouaient à faire des cabrioles dans le soleil, sur des standards d’Ella Fitzgerald…


Bob Dylan – Blind Willie McTell

Et avec ça, à cavaler dans tous les sens, à brainstormer, photographier, écrire des pages pendant bien 15 jours, ben j’ai même pas eu le temps de faire mon traditionnel post pré-départ, plein de batteries qui chargent et de “gnééé, quels appareils et quels films j’emporte ?”.
La vie, c’est plus ce que c’était, allez-y, jetez-moi des poneys.

Ah oui, parce que je pars à Montréal. Un mois. Pour du boulot. Et des bières en terrasse. Et du jazz. Et même une tranche de New York dedans. Et des rédacs chef qui pourraient me rappeler quand même non ? Et un service photo que je croise tellement les doigts pour qu’ils me recontactent que je risque de faire des photos avec les pieds, ce qui ne va probablement pas arranger mes affaires, quand même, quand on y pense (mais j’essaie de pas trop y penser).
Un peu comme la grève générale le jour du départ et mes plans canapés qui m’échappent un peu.

Ce trip, c’est un peu le bordel. ça au moins, c’est une habitude qui se perd pas. ça doit être rassurant ou un truc du genre.

On est là, dans une chambre d’hôtel sans personnalité, juste des petits cadres pendus au murs, des photos en noir et blanc et on attend. On est là, dans cette chambre d’hôtel à Paris, un peu figée, trop carrée, de la lumière coule par une fenêtre et Toumani parle du Mali. En attendant. Moi, assise dans un coin, en écoutant Rédac Chef et Toumani parler, je me demande bien comment je vais le cadrer. Je me dis que je verrai bien, quand on aura fini d’attendre.
On attend la kora de Toumani, elle est dans un coffre en bas, mais le type de la reception ne veut pas aller la chercher. Sinon, il doit quitter son guichet. Et le monde risque d’exploser s’il quitte son guichet. C’est comme ça. Donc on attend. Et je ne sais pas bien comment je vais cadrer. Avec les murs beige et la lumière qui coule par la fenêtre et Toumani qui parle du Mali.

Finalement, je me rends compte que j’aime bien cadrer serré. Et quand la kora arrive, elle chamboule tout. Les murs, les lignes, le canapé jaune, les petits cadres au mur avec les photos en noir et blanc, c’est merveilleux une kora dans les mains de Toumani Diabaté, mais ça chamboule tout. Alors je cadre serré.

toumani diabaté

Bon, donc voilà, retour à l’indépendance, après un CDD de six mois au Hiboo et je ne vais pas cacher ma joie. Même si je ne vais pas non plus laver le linge sale en public, c’est pas classe. N’empêche que ça m’a fait réfléchir, oh juste un peu hein, et j’en arrive à la conclusion que je ne suis pas faite pour bosser autrement qu’en indé. Ou alors c’est que j’ai pas trouvé la bonne boîte, mais va savoir, là j’ai vraiment plus envie de chercher. Donc je vais me marier avec mon indépendance, ça va être cool. Les sessions à l’arrache, comme cet aprèm, les coups de fil d’iconos comme la semaine dernière, les trips comme dans un mois, les projets partout, les brainstorms, les rencontres, les sujets toujours différents, les expérimentations foireuses ou non, tout ça, ça m’a manqué bougrement. Alors oui, l’incertitude et les doutes et le bordel parfois dans la tête et les questionnements, je m’en fous, je prends. Et les difficultés et les frustrations et la pression et le temps qui manque et les murs à surmonter, je m’en fous, je prends aussi. Ah oui mais la trouille ? Et ben je l’ai pas du tout, bizarrement. Alors tout ça, les hauts, les bas, et les reportages mortels qui se profilent à l’horizon, éa me rend autrement plus heureuse que d’archiver des vidéos. Va comprendre Charles. C’est la vie que veux-tu. Et c’est là, juste , juste au bout de mes doigts.


Yeti Lane – Lonesome George