On est là, dans une chambre d’hôtel sans personnalité, juste des petits cadres pendus au murs, des photos en noir et blanc et on attend. On est là, dans cette chambre d’hôtel à Paris, un peu figée, trop carrée, de la lumière coule par une fenêtre et Toumani parle du Mali. En attendant. Moi, assise dans un coin, en écoutant Rédac Chef et Toumani parler, je me demande bien comment je vais le cadrer. Je me dis que je verrai bien, quand on aura fini d’attendre.
On attend la kora de Toumani, elle est dans un coffre en bas, mais le type de la reception ne veut pas aller la chercher. Sinon, il doit quitter son guichet. Et le monde risque d’exploser s’il quitte son guichet. C’est comme ça. Donc on attend. Et je ne sais pas bien comment je vais cadrer. Avec les murs beige et la lumière qui coule par la fenêtre et Toumani qui parle du Mali.

Finalement, je me rends compte que j’aime bien cadrer serré. Et quand la kora arrive, elle chamboule tout. Les murs, les lignes, le canapé jaune, les petits cadres au mur avec les photos en noir et blanc, c’est merveilleux une kora dans les mains de Toumani Diabaté, mais ça chamboule tout. Alors je cadre serré.

toumani diabaté