imagine la voix de Jean Rochefort en lisant cette phrase. je peux encore l’entendre exactement, je ne sais pas combien de fois je l’ai écoutée cette voix et cette phrase, sur notre cassette jaune de Peter Pan, quand on était gosses et qu’on la trimballait partout. Et depuis quelques temps, à  chaque fois que je fais un trajet en train, en voiture, en avion pour un inconnu même relatif, bim, elle revient dans ma tête au moment du départ. Au début, je trouvais ça un peu ridicule cette réminiscence, et puis je crois que j’ai appris à  l’apprécier, je dis rien, je souris juste et bim, c’est vraiment le départ pour un ailleurs imaginaire. Parce qu’évidemment, la réalité n’est jamais telle qu’on l’a imaginée alors des pays imaginaires, il y en a partout.
****
J’ai failli écrire « comme d’habitude » juste là . Alors que ce n’est que mon troisième reportage à  l’étranger, mais déjà , le bouclage du sac, les trucs à  emporter, les batteries qui chargent, le matos partout, les 40 films, tout éa, j’ai l’impression d’en avoir l’habitude. c’est con les habitudes, c’est juste un peu rassurant dans une grosse mer bien houleuse d’appréhensions. ma trouille à  chaque fois, pas faire assez d’images, pas faire de bonnes photos, pas faire assez de bonnes photos. être trop pressée. oublier de réinventer, oublier de sortir de mes habitudes et de mes cadres. c’est ce que je disais, c’est con les habitudes.
Enfin le sac est bouclé, la nouveauté, c’est que je trimballe une moustiquaire.
****
Tombouctou, Cotonou, Ouagadougou… Quand j’étais gosse, ces noms avaient la saveur du bout du monde quand je les prononçais. Tu me diras, c’est forcément le bout du monde pour quelqu’un. Oui mais. C’était des noms magiques. Par exemple, Johannesbourg, c’est beaucoup plus loin mais c’est moins magique. C’est comme ça. Même Shangaï, c’est moins magique comme mot que Tombouctou. Par contre Vladivostok, c’est pas mal dans un autre style. Oulan-Bator aussi. Mais Melbourne, désolée, ça me fait rien que je le dis. Je sais pas ce qui fait qu’un nom de ville a plus un goût de bout du monde qu’un autre. Alors qu’on peut tout à  fait se sentir au bout du monde sur une jetée en Normandie, par exemple. Bon c’est vrai que la Normandie, c’est un peu le bout du monde pour une parisienne, hin hin hin.
****
Demain soir, j’atterris dans une de ces villes au nom magique. c’est arrivé comme ça pouf. J’embarque avec moi « La Solitude Heureuse du Voyageur », de Depardon. Si tu vas dans un de tes bouts du monde, n’oublie pas ton Depardon.
D’ailleurs, ce post a failli s’appeler « si tu voyages en avion, n’oublie pas tes granolas », parce que c’est important aussi mine de rien.

c’est pas de moi, c’est l’armée israélienne qui le dit. (d’après the Times)
Ben ça, ça doit faire gravement une belle jambe aux civils de Gaza…

prendre le temps de passer du mode « goret qui bosse ses photos à  la 6 4 2 » au mode « photographe qui maîtrise un max toshop et fait mieux qu’avec son agrandisseur tout pourri ». et ça valait plutôt le coup, même si ledit toshop plante un peu sur mes photos de 40 Mo avec leurs douze calques (en moyenne)(ceusses qui diraient que je passe d’un extrême à  l’autre auront, selon toute probabilité, assez raison).
comme une truffe de première catégorie, j’avais quelque peu oublié que le N&B, c’est du noir et du blanc, beaucoup, et une infinité de tons de gris, surtout et comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, à  part des fois, j’ai ressorti pour la énième fois mes photos du Kosovo, faut dire que je les avais VRAIMENT bien cochonnées.

non mais avouez que ça tape, nan ?

avant :
frontiere kosovo

après :
frontiere kosovo

c’est beau comme un rollover en javascript que j’ai la flemme de faire.

hop, avant :
belgrade meeting

lire la suite »

pour nowel, mon père a mis sa menace à  exécution : il nous a offert un VRAI babyfoot de bar. on sait toujours pas bien d’où il a eu cette idée, peut-être il avait bu mais ça avait jamais fait ça avant, donc on se dit peut-être il avait pris du lsd, en tout cas, il nous en avait brièvement parlé en dînant un soir au resto et puis il nous avait envoyé une photo genre « heu, ça vous irait celui-là  ? » nous, on avait bondit, genre après une enfance avec un baby en carton, mes années lycée à  jouer avec un CPE et quelques potes sur les baby de la salle commune, après avoir essayé de trouver les bars parisiens avec des bons baby pas cher, tadaaaaa, ENFIN un vrai baby. c’est noël donc. mon père, vaguement honteux de son coup d’éclat a passé deux jours à  nous dire « quand même, huh hu, c’est pas trop farfelu comme cadeau ? » pendant qu’on hurlait « naaaaaan » en enchaînant gamelles, demis et autres pissettes.
ce n’est que quand il s’est collé aux manettes à  l’attaque qu’on a découvert son secret : mon père, môssieur le chercheur et prof de fac, est un bon joueur de baby. ça nous a encore plus scotché que l’idée même du cadeau.
depuis on le regarde en coin en formulant des hypothèses, on se demande s’il ne gagne pas ses crédits de recherche au baby, ou s’il ne choisit pas ses thésards après des tournois acharnés, Dr House staïle, est-ce qu’il ne part pas en congrès juste pour latter ses collègues américains ?
le mystère reste entier… c’est comme quand il nous a offert une table de ping-pong et qu’il a passé les 4 années suivantes à  nous faire mordre la poussière à  coup de smash liftés.
en attendant, je suis la déesse du dégagement qui va direct dans les cages adverses, un de mes buts dans la vie est accompli. je suis joie.

babyfoot tripot

l’année prochaine, on lui demande un billard américain, histoire de finir de transformer la salle d’enfant en tripot de première classe, héhéhé.

on a tous amené un truc, on a mis une playlist deezer pleine de chansons de nowel à  la con, on s’est raconté des histoires d’enfance, on a allumé des bougies et on s’est fait une bonne raclette, on a trinqué à  nous, jeunes journalistes plein d’avenir et de trips de oufs, on a bu plein de vin blanc, on s’est offert nos cadeaux à  deux eurofrancs emballés dans des journaux pour lesquels on bosse parfois, on a fait une bonne grosse bataille de confettis, on a pris plein de photos cons, avec des grimaces et des confettis qui volent dedans, on a mis du janis joplin et du fats domino, du dylan et du wilco, on a fini par passer le balais, on a raconté une tonne de conneries, et pis on est rentré chez soi.
c’était Bien.