on a pris la route des landes il faisait d?j? nuit, des cotons de brume accroch?s aux pins, les phares des voitures ? intervalles irr?guliers et ? travers le toit ouvrant toutes les ?toiles qui faisaient comme des milliers de trous minuscules dans le ciel noir, orion sur notre gauche et les lignes blanches de chaque c?t? de la route parfaitement droite. quand on ?tait gosses on jouait ? la “route du ciel”, les lumi?res du tableau de bord se refl?tant dans la lunette arri?re m?lang?es aux ?toiles, on tra?ait notre route dans cette autre dimension.
quand on est arriv?, il faisait presque aussi froid dans la maison que dehors, j’ai fait un ?norme plat de p?tes bolognaises-pip?rade en grelottant, ?charpe nou?e autour du cou, on a rigol? en voyant la bu?e qu’on soufflait, on a d?n? ? 50 cm de la chemin?e et du feu, jamais on avait eu aussi froid dans cette maison je crois, tout ?tait tellement glac?, on a pari? sur le temps qu’il allait falloir avant que la maison soit ? peu pr?s chauff?e. on s’est plong? dans un ?tat de semi-hibernation au coin du feu, th? br?lant, bds, et leadbelly, trio toykeat et robert johnoson en bande-son, repoussant autant que possible le moment o? il faudrait aller tenter de se glisser dans les draps congel?s. mais bizarrement, sous les quinze ?paisseurs de couvertures je n’ai pas insomnis? (trop longtemps).
on s’est r?veill? sous un temps d’une beaut? hors du temps, ciel bleu ?clatant sans un seul nuage, il faisait encore moins froid dehors au soleil que dans la maison, on a pris toutes les petites routes entre les collines (presque) juste pour le plaisir, par moments un bout d’horizon nous montrait la baie et l’oc?an, tandis que derri?re nous s’?talaient les pyr?nn?es m?me pas enneig?es. j’ai tacitement d?cid? que no?l je m’en fous, that’s just not the point, les parents n’arrivent que vendredi, Vo’ a choisi du bon vin et c’est d?j? l’heure du th?, et c’est pas juste de se retrouver en famille, c’est pas juste d’?tre en vacances, c’est pas juste fiona apple ou gravenhurst ou cyann & ben, c’est juste ici, comme s’il n’y avait qu’ici que je pouvais voir mes pieds solidement attach?s au sol, comme s’il n’y avait qu’ici que l’air ?tait assez l?ger pour que je puisse respirer profond?ment, comme s’il n’y avait qu’ici que quoi que soi avait un sens, j’ai mis 25 ans ? r?aliser que je me sens chez moi dans beaucoup d’endroits, mais qu’ici, je suis (chez) moi.